La dignité fondement spirituel de la
citoyenneté AVANT-PROPOS : L'humanité actuelle s'avère être
incapable de résoudre ses problèmes en respectant la liberté de conscience et le
principe du droit sur lesquels se fonde la démocratie, démocratie dont on ignore par
ailleurs le fondement spirituel. Ainsi se développent les intégrismes et les
fondamentalismes religieux, dans l'idéologie desquels autant les désespérés que les
hégémonistes contrariés puisent une illusoire légitimité aux atrocités qu'ils
commettent. Dans un tel contexte d'ignorance et d'horreur, il est indispensable de
définir ce que l'on entend par "spirituel" pour éviter les confusions et les
amalgames.
Le terme "spirituel" que nous utilisons dans nos textes se réfère à un
plan de conscience, ne le confondons pas avec le terme "religieux".
Le plan spirituel de la conscience, que nous désignons sous le vocable d'inconscient
universel, Soi ou Esprit, est le plan énergétique de réceptivité pure dont la
conscience est un organe de vision. Ainsi, la conscience (ou esprit humain) est à
l'Esprit universel ce que l'il physique est à la conscience.
Ce plan subtil de réalité, partie intégrante de la conscience, n'a donc rien à voir
avec les croyances, les dogmes, les symboles et les rituels dont la fonction religieuse
est de "relier", par le biais de supports conceptuels et émotionnels, la
conscience personnelle au plan unitaire dont elle est coupée. Cette coupure engendre
l'aveuglement spirituel, plonge dans le subjectivisme et met dans l'incapacité de
comprendre la complémentarité des contraires dans le contexte unitaire du tout.
Le plan spirituel de la conscience est le fondement de l'individualité qui se réalise
par l'intégration de l'inconscient universel, impersonnel, dans le conscient temporel,
personnel, alors que la religion est un ensemble de moyens pour tendre vers l'unité
"perdue".
*Cette mise au point faite, examinons l'actualité du monde.
ETAT DES LIEUX
Après deux siècles d'efforts pour élaborer et mettre en application les principes
des Droits de l'Homme, l'humanité sombre à nouveau dans la barbarie.
Sous le fallacieux prétexte de faire évoluer le monde vers plus de justice et de
démocratie, des mégalomanes paranoïaques commettent impunément leurs crimes contre
l'humanité, pendant que le droit international, seul garant de l'équilibre planétaire,
est trahi par ceux-là mêmes qui s'en prétendent les garants.
Incapable de se remettre en question et au lieu de chercher les vraies causes du mal
qui mine nos sociétés, on s'empresse de désigner des coupables et on crée des boucs
émissaires dans le seul but de justifier l'injustifiable.
Le pouvoir médiatique, soumis à la loi de l'argent et à celle de la dictature
mondialiste naissante, entretient par la désinformation systématisée le climat
d'incompréhension et d'insécurité nécessaire pour affaiblir et diviser
psychologiquement les peuples afin de mieux les dominer. Pour le seul profit d'une toute
petite minorité, le droit du plus fort a détrôné le droit légal. Un cynisme
généralisé, voire institutionnalisé, donne libre cours aux égoïsmes, à l'arrivisme,
à l'opportunisme et à l'hypocrisie.
Ce spectacle déshonorant et dégradant a toutefois un aspect positif : il nous oblige
à prendre conscience du degré de dégénérescence, tant spirituel que moral, dans
lequel le monde s'est enlisé, malgré de beaux idéaux, malgré un progrès scientifique
et technique fulgurant.
LA VRAIE CAUSE DU MAL
Ce ne sont, en effet, ni les idéaux ni le progrès scientifique et technique qui
garantissent le bien-être et l'équilibre individuel, indispensables à l'équilibre
social, mais bien le respect du principe spirituel de l'unité de toute chose manifestée
qui régit la conscience. On perd trop souvent de vue que ce n'est pas le corps, mais la
conscience qui à travers le corps expérimente le monde, que c'est la conscience qui
connaît le plaisir et la douleur, que c'est elle aussi qui engendre la pensée
intuitive ou raisonnée préalable à tout acte. Par conséquent et sans
vouloir ignorer l'importance que peuvent avoir les facteurs matériels , la cause
première de tout déséquilibre gît dans la conscience et plus particulièrement dans la
compréhension, donc dans la mentalité avec laquelle on approche les phénomènes et les
problèmes existentiels.
" La gigantesque révolution que l'humanité attend, et qui peut assainir le
monde, sera autant intérieure qu'extérieure, individuelle que collective. "
Le bonheur et le malheur sont des notions purement subjectives qui ont un contenu
différent pour chacun, tout comme d'ailleurs l'adversité est abordée et assumée selon
le sens qu'on lui confère et selon la force morale que l'on est capable de déployer. Il
n'est pas rare de constater que certains portent de grandes infortunes avec plus de force
d'âme et de dignité que la plupart des gens portent les avantages d'un confort
petit-bourgeois. De plus en plus, il devient clair que le malaise profond que traverse
l'humanité, et dont les problèmes économiques et sociaux ne sont que des conséquences,
est une crise d'identité, une véritable crise civilisatrice qui nous accule à un
changement profond de mentalité. La gigantesque révolution que l'humanité attend, et
qui peut assainir le monde, sera autant intérieure qu'extérieure, individuelle que
collective et nous obligera, de gré ou de force, à intégrer la dimension universelle de
nous-mêmes qui transcende tout ce qui est personnel et permet une vision lucide des
problèmes et de leur solution. Coupé du plan unitaire de l'Esprit, incapable d'une
vision d'ensemble, on est dominé par un esprit d'opposition de force et de division, on a
toujours besoin de haïr, de combattre ou de rejeter quelqu'un pour s'affirmer et pour
imposer son illusoire supériorité. Fourvoyé dans le labyrinthe des spéculations et des
argumentations qui ne cherchent qu'à défendre des intérêts d'ordre personnel ou des
intérêts collectifs restreints, de race, de sexe, de classe sociale ou de nation, on
perd LA RAISON qui nous dicte comment gérer l'ensemble dans l'intérêt de tous, sans
préférence ni exclusion.
Perdus dans les contradictions et dans l'activisme, on se débat dans les oppositions
de force, nées de l'esprit de compétition, qui tôt ou tard dégénèrent en agression.
L'actualité, tant nationale qu'internationale, met en évidence cet état de fait qui ne
profite qu'aux instigateurs occultes de la dictature naissante et dont la devise est
" diviser pour régner".
Spiritualisme/matérialisme, libéralisme/collectivisme, religiosité/laïcité,
machisme/féminisme, ceux d'en haut/ceux d'en bas, droite/gauche, sont autant
d'expressions de cet esprit de division qui empêche l'unité sociale de se réaliser.
Sans autonomie spirituelle, c'est-à-dire en vivant avec les pensées, les principes et
les vérités des autres, il ne peut y avoir de responsabilité individuelle, mais
seulement une obéissance aveugle ou tout au plus une adhésion sincère à une croyance
ou à une idéologie. Faute d'avoir réalisé son individualité, malléable et
manipulable à souhait, on cherche réconfort, sens et raison d'être auprès de gourous,
d'idéologues, et de maîtres à penser en tout genre dont les théories, souvent autant
fumeuses qu'alléchantes, s'effritent toujours devant la réalité des faits. Mentalement
colonisés, réunis en églises, en loges, en mouvements de masse, en partis et en
coteries, on s'épuise dans des combats autant stériles qu'inutiles, puisque la solution
finale est dans la complémentarité de tous et non pas dans l'hégémonie d'un quelconque
parti.
Que nous faut-il encore comme souffrances et comme déboires, pour enfin comprendre que
ce n'est pas par la compétition, par l'opposition de force, par la
tolérance-indifférence, et encore moins par le mépris et le rejet qu'on réalise la
paix sociale, mais bien par l'écoute, le partage, et la solidarité vraie qui n'est pas
dans l'esprit partisan de clique et de clan mais dans la complémentarité de toutes nos
individualités et personnalités ; n'est-ce pas d'ailleurs le sens même de la
démocratie ?
REPONSE A LA QUESTION ESSENTIELLE
" Seule une référence d'ordre moral peut relier les hommes entre eux et
constituer le ciment de l'édifice social. " Il est temps de considérer l'humanité
dans son ensemble et chaque contexte collectif en particulier non comme un agglomérat de
catégories et de sous-groupes : ethnies, nations, classes sociales, partis etc., mais
comme un ensemble d'individus qui sont à respecter dans leur unicité et leur
spécificité. Chaque être humain doit être considéré comme une fin en lui-même,
sinon on le traite en esclave ou en objet. Ici se pose la question essentielle : sur
quelles bases individu et société, souvent perçus et vécus comme des antagonistes,
réalisent-ils leur complémentarité ? Comment marier liberté individuelle et harmonie
sociale ?
Tout comme la solidité d'une maison dépend de celle des pierres qui la composent,
l'équilibre et la cohésion de la demeure sociale dépendent de l'équilibre et de la
cohérence des citoyens ; équilibre qui s'instaure par la mise en conformité des
différents niveaux et expressions de l'être : intuitive reconnaissance, pensée, parole
et acte, c'est-à-dire par l'intégrité individuelle, tant morale qu'intellectuelle.
Ce n'est, en effet, ni l'argent, ni le savoir, ni le pouvoir, mais la cohérence
personnelle qui garantit l'équilibre individuel indispensable à la cohésion sociale.
Toutes les références et les valeurs matérielles, intellectuelles et esthétiques
étant relatives et purement personnelles selon la nature, les aptitudes et les
besoins de chacun , seule une référence d'ordre moral peut relier les hommes entre
eux et constituer le ciment de l'édifice social.
Être intègre, "être d'un morceau", est donc plus essentiel qu'être plus
fort, plus riche ou plus intelligent.
Un homme rustre, illettré, mais honnête et conséquent avec ses propres convictions,
quelles qu'elles soient, aura toujours du bon sens et sera un élément d'équilibre pour
toute la société ; un Énarque, érudit, idéaliste, beau parleur mais qui trompe les
siens et qui par profit, par désir et abus de pouvoir, trahit les principes et les
idéaux qu'il prétend défendre est un poison mortel pour l'humanité.
C'EST L'ETHIQUE, LA COHERENCE PERSONNELLE QUI INCARNE ET CONCRETISE L'UNITE DU PLAN
SPIRITUEL DANS LA VIE SOCIALE. Cette éthique personnelle n'a rien à voir avec les
morales religieuses, les principes culturels ou les mots d'ordre politiques qui jusqu'à
ce jour ont certes dirigé le monde, mais l'ont aussi malmené. Être responsable, c'est
être spirituellement autonome, conséquent avec soi-même, c'est assumer les
conséquences de ses dires et de ses actes, ne jamais trahir, ni par négligence ni par
intérêt ou lâcheté, ses convictions profondes ou sa parole donnée.
Cette qualité spirituelle, d'ordre moral, que l'on nomme LA DIGNITE, hisse l'homme
au-dessus de son animalité.
DIGNITE ET AMOUR-PROPRE
A ce stade de notre réflexion, il est important de bien saisir le sens profond des
mots amour-propre et dignité qui, loin d'être des synonymes, concernent deux niveaux
différents de l'être : le moi ou aspect personnel et le Soi ou dimension universelle.
L'amour-propre, comme son nom l'indique, consiste dans l'attachement à sa petite
personne ; il nous rend possessif, exclusif, susceptible, suspicieux, jaloux, lâche et
prétentieux. Intéressé par nature, il sert l'ego et le paraître.
La dignité qui manifeste dans l'être moral le plan impersonnel et unitaire de
l'Esprit est désintéressée et sert la justice et la vérité, vérité qui -soit dit en
passant- blesse souvent l'amour-propre.
Par amour-propre, on est prêt à toutes les bassesses et les trahisons pour sauver la
face et protéger ses intérêts ; par dignité, on est prêt à tout sacrifier
même sa vie afin de sauvegarder son intégrité. Par amour-propre, on préfère
penser "comme monsieur tout le monde", et on voudrait que tout le monde pense
comme nous ; esclave du qu'en-dira-t-on et assoiffé de reconnaissance, voire de
flatterie, on devient manipulateur pour, à son tour, être manipulé par ceux qui
exploitent les faiblesses et la vanité.
La dignité nous libère du qu'en-dira-t-on, nous force à être authentique, à ETRE
VRAI, à dire ce que l'on pense vraiment, en toute liberté, quitte à être marginalisé
pour cela.
" La dignité nous libère du qu'en-dira-t-on, nous force à être authentique, à
être vrai."
La dignité de l'homme n'est pas dans son importance sociale, mais dans la qualité et
le désintéressement avec lesquels il remplit sa fonction dans la société. Elle n'est
pas non plus dans le fait qu'il ait tout ce qu'il faut pour être heureux et bien portant,
mais dans sa façon d'assumer ou d'acquérir ce qui lui manque.
La dignité impose naturel-lement le respect. On la trouve plus souvent chez les
opprimés, les déshérités et les malchanceux que chez ceux qui, parvenus au sommet de
la réussite sociale, enivrés par le pouvoir que procure leur illusoire supériorité, se
prennent pour les maîtres du monde.
On ne peut donner la dignité, mais on peut l'éveiller en favorisant, dès la prime
jeunesse, l'autonomie et le sens des responsabilités. Toute forme de dépendance et
d'assistanat dégé-nère tôt ou tard en abus, autant de la part de celui qui donne que
de celui qui reçoit. On confond trop aisément le droit, indissociable du devoir, et le
dû qui n'est qu'une dette à notre égard.
Celui qui perd sa dignité s'avilit. Celui qui perd son amour-propre s'ennoblit.
On est digne quand on est mort à l'amour-propre.
CONCLUSION
Sur la base de ces quelques données, on comprendra aisément que le manque flagrant de
dignité qui caractérise le monde, et plus particulièrement les pays prétendus
civilisés, affecte toutes les classes sociales, du chef d'État au S.D.F. Elle concerne
chacun de nous !
Le monde évolue. Le temps des maîtres à penser, des croyances et des idéologies qui
jusqu'à ce jour ont guidé et dominé les consciences, est révolu. L'heure est à
l'autonomie individuelle et à la démocratie, où il n'y a plus ni élite ni élus de
Dieu, mais où chacun a sa place et sa fonction -selon ses capacités, certes- mais avant
tout, selon sa qualité morale, son intégrité, son aptitude à servir sans se servir ni
asservir.
La liberté dans la paix, à laquelle aspire le monde, ne s'acquiert que dans la
dignité !
Johan ISSELEE , www.nonalaguerre.com , POUR
UNE CITOYENNETE DANS LA DIGNITE