2 décembre 2003
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En septembre 1999, c'est-à-dire en pleine campagne
électorale aux États-Unis, St Martin Press publiait une biographie détaillée du
candidat George W. Bush. L'auteur, qui avait réalisé un travail de fourmi, n'ignorait
rien de la famille Bush et de junior. Il avait bénéficié dans son enquête de l'aide de
Karl Rove (actuel secrétaire général de la Maison-Blanche) qui croyait aider à la
rédaction d'une biographie de complaisance. L'ouvrage intitulé Fortunate
Son, G. W. Bush and the Making of an American President, fit immédiatement la
« une » des journaux, fut choisi comme best-seller par le New
York Times et souleva une intense polémique.
Il s'agit d'un document exhaustif sur l'homme, sa famille
et son entourage, ses affaires et sa carrière politique, ses retournements de veste et le
financement de ses campagnes électorales. Bien qu'il soit écrit sur un ton mesuré et
s'attache à comprendre la personnalité de George W. Bush, il présente une vision
terrifiante de la vie publique états-unienne. Pourtant de cet imposant travail, on ne
retint qu'un passage secondaire, mais sensible : le candidat Bush avait été
arrêté pour détention de cocaïne, en 1972. Or, selon les lois locales, ce délit
aurait dû lui valoir une privation de droits civiques, il n'aurait donc pas dû avoir le
droit de se présenter au gouvernorat du Texas et à la présidence des États-Unis.
Ce sont en réalité bien d'autres détails qui
provoquèrent la colère des Bush. Notamment, un passage relatif à la société Arbusto
(devenue ultérieurement Harken Energy) dont George W. fut le directeur. On y apprenait
que, par l'entremise d'un homme de paille, cette société était la propriété d'un
certain Salem Ben Laden, frère aîné d'Oussama. Mais à l'époque, la presse ne comprit
pas l'importance de cette information.
Quoi qu'il en soit, la famille Bush se déchaîna contre
le livre et son auteur. Elle révéla les erreurs de jeunesse de ce dernier, qui lui
valurent de faire de la prison, et s'employa à le discréditer. Simultanément, elle
exerça de fortes pressions sur l'éditeur jusqu'à obtenir le retrait et la destruction
des presque 100 000 exemplaires disponibles.
James Hatfield, récupéra ses droits sur le livre et le
fit rééditer par un éditeur marginal, Soft Skull Press, alors que George W. venait de
s'installer à la Maison-Blanche. Karl Rove (secrétaire général de la Maison-Blanche)
et Clay
Johnson III (alors assistant personnel du président) intentèrent un procès en
diffamation et obtinrent le retrait conservatoire du livre. En définitive, il fut
autorisé à la vente, sans coupes, mais après le retrait de la préface originale.
Ayant échoué dans leurs démarches, Rove et Johnson
menacèrent devant témoin Hatfield de le liquider, lui et toute sa famille, s'il
persistait à diffuser son ouvrage. Il fut retrouvé peu après, mort, dans un motel. La
police assure qu'il s'est suicidé, tandis que sa famille prétend qu'il a été
assassiné.
Ce document exceptionnel a été traduit en français et
publié en Suisse par les Éditions
Timéli, dirigées par Sandro Cruz, administrateur du Réseau Voltaire et directeur du
site RedVoltaire.net. Jean
Ziegler et Thierry Meyssan l'ont préfacé. Seth Tobocman, le caricaturiste de Village Voice, l'a illustré. Sander Hicks, Robert-James Parsons, David
Cogswell et Federico Fasano Mertens l'ont enrichi d'introductions et de post-scriptum.
Présenté le 10 octobre au Club de la presse de Genève, sous le titre Le
Cartel Bush ou l'itinéraire d'un fils privilégié, il n'a été diffusé en
librairie qu'en Suisse. Le Réseau Voltaire en assure la diffusion exclusive en France.
Commander
le livre Le Cartel Bush en ligne sur notre site.
Le Cartel Bush ou l'itinéraire d'un fils privilégié.
Comment fabrique-t-on un président des États-Unis ? par James Hatfield.
Préfaces de Jean Ziegler et Thierry Meyssan. 444 p., ill., index. Éditions Timéli,
Genève, 2003. ISBN 2-940342-01-6. Prix conseillé : 24 euros. |
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