Le Program on International Policy Attitudes (PIPA) de l'université du
Maryland, associé à l'institut de sondage Knowledge Network, a étudié, entre janvier
et septembre 2003, les croyances et opinions des états-uniens sur l'Irak et la politique
étrangère de leur pays. L'enquête, réalisée sur la base de sept sondages, met d'abord
en évidence la présence dans l'opinion publique de trois « perceptions
erronées » (misperceptions) au sujet de l'Irak :
- Une majorité des sondés croyaient que l'Irak était impliqué dans
les attentats du 11 septembre, soit directement, soit indirectement, sous la forme d'un
soutien à Al Qaïda.
- Interrogés après l'invasion du pays, entre mai et sept embre,
une importante minorité des sondés (plus de 20 %) était persuadée que des armes de
destruction massive (ADM) avaient été trouvées en Irak.
- Seule une minorité des sondés était consciente que l'opinion
publique mondiale était en grande majorité hostile à une intervention militaire
états-unienne unilatérale.
À partir de ces données, l'étude cherche à connaître l'origine et les conséquences
de ces perceptions erronées, en posant les questions suivantes :
- Ces perceptions varient-elles en fonction des sources d'informations
des sondés (presses écrite, chaînes de télévision) ?
- Ces perceptions erronées détermin ent-elles l'opinion des sondés sur
le soutien ou l'opposition à la guerre ?
80 % des téléspectateurs de Fox News, la
chaîne d'information de Ruppert Murdoch, ont
au moins une perception erronée, alors que
les personnes déclarant s'informer principalement en lisant la presse écrite ne sont que
47 % dans ce cas.
Une des observations les plus spectaculaires du rapport est le lien
étroit entre croyances erronées et soutien à la guerre. En effet, parmi
les personnes qui n'ont aucune des trois perceptions erronées (lien Irak/Al Qaïda, ADM
trouvées en Irak et opinion mondiale favorable à la guerre), seules 23 % soutiennent
l'attaque de l'Irak. À l'inverse, 86 % des sondés qui
croient les trois fausses informations sont favorables à la guerre.
Les « perceptions erronées » observées par le PIPA et Knowledge Network
correspondent à la définition que The Heritage Foundation donnait de la propagande en
avril dernier (voir Sources ouvertes
numéro 123 : « La propagande est une information
délibérément propagée dans le but d'aider ou de nuire à une personne, un groupe ou
une institution, sans se soucier du fait que l'information soit vraie ou fausse. »
La présente étude écarte de son champ d'observation de la propagande
celle réalisée par les institutions et se concentre sur celle produite par les médias.
Sa conclusion est sans équivoque : la propagande
médiatique fonctionne. Dans le cadre d'une politique menée sans l'assentiment des
populations, elle devient une nécessité.
transmis par Reseau Voltaire |