L'association des directeurs de l'information des principaux médias
audiovisuels états-uniens publie un guide sur le bio-terrorisme à l'attention des
journalistes. Le but affiché de cette brochure est de mobiliser les journalistes pour
qu'ils puissent relayer correctement l'information officielle en cas d'attaque
bio-terroriste : comment donner des conseils utiles à la population tout en
prévenant une panique collective. Par son existence même, cette brochure montre que la
presse aux États-Unis considère participer à la défense nationale contre un ennemi
extérieur. Or, la brochure entretient une confusion entre l'affaire des cinq lettres
piégées à l'anthrax et des actes de guerre, bien que l'on sache aujourd'hui que ces
lettres n'ont pas été postées par des terroristes étrangers, mais par des
fondamentalistes chrétiens issus de l'Amérique profonde. Dès lors, ce guide apparaît
comme un outil de propagande visant à mobiliser la presse pour entretenir
artificiellement une angoisse xénophobe.
Négocier la censure
Par ailleurs, l'École Kennedy de Gouvernement, de l'université
d'Harvard, publie une étude sur la politique gouvernementale états-unienne en matière
de secret-Défense. Elle rappelle que la révélation de secrets-Défense est réprimée
en théorie de dix ans de prison au titre de la loi anti-espionnage de 1915, mais que
celle-ci n'a jamais été appliquée, hormis dans l'affaire Morison en 1985. Dans la
pratique, beaucoup trop d'informations sont classifiées pour que ce secret puisse être
conservé. Les violations du secret-Défense sont quotidiennes au nom du droit du public
à l'information. Elles sont le fait du gouvernement lui-même, des fonctionnaires et des
parlementaires. L'étude analyse la manière dont le sénateur Shelby est parvenu à faire
voter de nouvelles restrictions et le lobbying qui est parvenu à convaincre le président
Clinton d'opposer son veto à ces dispositions.
Enfin, l'étude révèle comment, depuis le 11 septembre 2001, des
patrons de presse et des responsables du secret-Défense se rencontrent régulièrement au
Metropolitan Club de Washington pour négocier les limites de la censure, c'est-à-dire
pour définir à l'amiable ce qui peut être publié et ce qui ne le sera pas.
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