Le Jour de
l'investiture, en conjonction avec des manifestations de masse à Washington, des milliers
d'Américains ont pris part à des actions de protestation partout au pays et c'est dans
les fameux «États rouges» qu'on a retrouvé les expression d'opposition les plus
stridentes contre les plans de guerre et d'agression de Bush. L'esprit de ces
manifestations était le refus de concéder la fraude électorale et l'opposition à la
guerre et à l'occupation en Irak, ainsi qu'aux autres crimes commis par l'administration
Bush. Des milliers de personnes ont marché dans les rues de Washington tandis que des
milliers d'autres ont réussi à longer le trajet du cortège présidentiel sur
Pennsylvania Avenue. Avec la participation massive des jeunes et de gens aux opinions les
plus diverses, les actions de la journée exprimait la détermination de tous à
poursuivre leur lutte pour les droits et la démocratie. «Nous ne concédons pas»,
«Démocrates en révolte», «L'occupation est une crime, de l'Irak à Haïti à la
Palestine», «Que Bush soit traduit en justice» sont quelques-uns des slogans que l'on
retrouvait sur les pancartes. Sur de grandes bannières on proclamait: «Pas de mandat»
et «La démocratie américaine est une fraude», «Ce n'est pas mon président!»,
plusieurs slogans contre l'occupation de l'Irak et pour le retrait des troupes, et une
bannière déclarant: «Bush est un criminel de guerre!»
Les trois principales manifestations étaient organisées dans le
District de Columbia: une au Cercle Dupont, une autre au parc Malcolm-X et une troisième
dans les estrades le long du trajet du cortège présidentiel. La Marche des Femmes, qui
partait du Cercle Dupont, a rassemblé des centaines de femmes à l'appel de Code Pink. Il
y avait aussi un orchestre de jazz de la Nouvelle- Orléans et plusieurs groupes
d'activistes. L'objectif de cette action était de s'opposer aux nombreuses attaques du
gouvernement contre les droits des femmes, des jeunes, des minorités nationales, des
immigrants et des travailleurs, et de saluer tous ceux qui résistent. Pour citer Code
Pink, les personnes rassemblées ont «pris un engagement collectif solide» de poursuivre
la lutte contre les plans de Bush. Une «procession funéraire» menée par l'orchestre de
jazz symbolisait la mort de la démocratie américaine tout en célébrant la croissance
du mouvement du peuple.
Les participants sont partis du Cercle Dupont pour aller rejoindre les gens rassemblés
au parc Malcolm-X et se fusionner au carré McPherson, près de la Maison blanche. Le
rassemblement au parc Malcolm-X, organisé par DC Anti-War Network (DAWN), était sans
doute le plus grand espace de convergence, rassemblant des milliers de jeunes,
d'activistes contre la guerre, de verts et d'anarchistes, d'anciens combattants de la
guerre en Irak, des enseignants, des activistes religieux et pour les droits civils, des
Américains africains, des travailleurs, des personnes âgées et bien d'autres, tous unis
dans un seul front contre la guerre et pour une démocratie qui serve le peuple. Ils
représentent la conscience qui se répand aux États-Unis en faveur d'Élections
libres et équitables maintenant! Des intervenants ont souligné que «le pouvoir de
changer le monde n'est pas entre les mains de Bush, des démocrates ou de quiconque, il
est entre les mains du peuple».
La troisième manifestation, organisée par la coalition internationale
ANSWER, a eu lieu dans les estrades sur le trajet présidentielle. Plusieurs orateurs,
dont plusieurs anciens combattants et membres de familles de militaires, ont dénoncé la
guerre tandis que des représentants syndicaux ont dénoncé les attaques contre les
droits des travailleurs et le système de santé. Des avocats ont parlé des tentatives du
gouvernement d'interdire les manifestations et dit que la bataille n'est pas terminée sur
ce front. ANSWER rapporte que plusieurs personnes se sont vu interdire l'accès à des
points de vérification près du trajet du cortège présidentiel.
À la défense du droit du public de participer à la cérémonie d'investiture, qui
avait lieu dans une rue publique et qui était annoncé comme un événement public,
environ 2 000 jeunes ont abattu les clôtures de «contrôle des foules» le long de
Pennsylvania Avenue. Ils ont dit qu'ils voulaient briser les barricades policières pour
se rendre sur le trajet et se faire entendre sur la place publique. Les jeunes ont
dénoncé en particulier la face militaire que Bush a montrée au monde à son investiture
et défendu le droit du public de participer librement aux événements publics et
d'exprimer sa dissidence.
Beaucoup ont dit avoir passé des heures à attendre en ligne aux points
de vérifications institués par le Service Secret et d'autres agences policières
fédérales. Certains qui sont parvenus à passer se sont littéralement fait enlever par
la police quand ils se sont mis à huer le président alors qu'il passait. La police du
Capitol rapporte au moins cinq arrestations, dont celle d'un manifestant qui a brièvement
interrompu l'adresse inaugurale de Bush en criant: «Où sont les pauvres? Les avez-vous
chassés de leur ville?»
Parmi les autres actions il y a eu celles organisées par Turn Your Back on Bush
(tournez le dos à Bush). Des centaines de personnes ayant réussi à passer les
contrôles policiers se sont placées debout, le dos tourné au cortège de voitures quand
Bush est passé. Des participants ont dit que les gens se sont alignés sur le bord de la
route et ont chahuté, hué et lancé des balles de neige et de golf sur la limousine
présidentielle, mais que personnes n'a vu Bush parce que les limousines et les véhicules
utilitaires avaient les vitres teintées. Cela en dit long sur la démocratie américaine,
ont-ils dit, quand un président, pour être publiquement investi de ses fonctions, doit
s'entourer d'environ 8 500 policiers et soldats et ne pas se montrer le nez un seule fois
tout au long de la parade.
On rapporte que cette cérémonie d'investiture fut la plus militarisée de l'histoire
des États-Unis. Environ 20 millions $ des fonds publics ont été dépensés pour la
sécurité. Environ 6 000 policiers en uniforme et sans uniforme et 2 500 soldats ont
été déployés le long du trajet parcouru par le cortège de voitures. On rapporte
également que des missiles anti-aériens étaient installés à portée du Capitol.
En dépit de toutes ces tentatives d'empêcher les gens de rassembler et de bâtir leur
unité, c'est l'esprit de défi, d'unité et de résistance qui a dominé. À la face
militaire de Bush les manifestants ont opposé la défense des droits du peuple. Ils
représentaient la position du peuple américain et des peuples du monde: Pas de mandat
pour la guerre et la répression! Des élections libres et équitables maintenant!
Ailleurs aux
États-Unis
Voici des extraits de rapports affichés à différents sites d'Indymedia aux
États-Unis:
À Atlanta, en Georgie, plus de 200 personnes ont marché dans les rues du
centre-ville, allant des bureaux de la CNN au Capitol où ils ont manifesté pendant plus
d'une heure. Il y avait des dizaines d'étudiants du secondaire qui ont débrayé pour
participer à la manifestation. Il y avait beaucoup d'activistes contre la guerre et des
défenseurs de l'environnement et du droit à la santé. Les rangs des marcheurs
grandissaient à mesure qu'ils avançaient dans les rues du centre-ville.
À Louisville, au Kentucky, il y a eu lecture solennelle des noms des Irakiens et
Américains morts dans guerre.
À la Nouvelle-Orléans, en Louisiane, environ 1 500 personnes ont participé à une
cérémonie «funéraire jazz pour la démocratie». C'était le plus grand événement du
genre depuis longtemps. On a transporté un cercueil portant la USA Patriot Act et
la Constitution dans les rues du Vieux Carré sur un corbillard tiré par des chevaux au
son traditionnel des trompettes et trombones.
À Austin, au Texas, on rapporte que des centaines d'étudiants de deux écoles
publiques et de deux écoles privées ont débrayé pour participer aux protestations.
Plus de 1 500 personnes se sont rassemblés devant le Capitol pour ensuite manifester sur
l'avenue du Congrès, bloquant la circulation à l'heure de pointe. À Houston, environ
150 personnes ont pris part à une parade qui était la culmination d'une journée
entière d'actions de protestation. Le thème des activités de la journée était:
«Investissons-nous nous mêmes» («Inaugurate Yourself»).
Dans le Midwest, il y a eu des manifestations dans l'Ohio contre la
fraude électorale (manifestations qui n'ont pas cessé depuis l'élection de novembre).
Il y a eu un rassemblement de protestation contre l'investiture de Bush à Madison, au
Wisconsin.
Dans l'ouest du pays il y a eu des manifestations en Arizona, au Névada, au
Nouveau-Mexique et ailleurs. À Tucson, en Arizona, environ 500 personnes ont marché dans
les rues du centre-ville. À Alberquerque, Nouveau-Mexique, une cinquantaine de personnes
se sont rassemblées à l'Université du Nouveau- Mexique.
À Las Vegas, au Névada, des activistes, dont plusieurs anciens combattants, se sont
rassemblés pour protester contre l'investiture de Bush et discuter des choses qu'ils
considèrent importantes, comme «l'amour, l'environnement et la Charte des droits,
plutôt que la prolifération de la guerre, de la pauvreté et des atteintes à la
Constitution».
À Santa Cruz, en Californie, «plus de 400 manifestants ont pris part à une marche à
l'occasion de la deuxième investiture de George W. Bush en tant que président des
États-Unis. Les gens se sont rassemblés sur les marches de la Cour municipale de Santa
Cruz pour entendre des orateurs et des artistes pour ensuite prononcer collectivement le
serment d'entrée en fonction en tant que président intérimaire des États-Unis.»
Dans l'Orégon, des rassemblements et des marches ont eu lieu à
Portland, Bend et Eugene.
À Seattle, dans l'État de Washington, plus de mille personnes ont pris part à
débrayage à l'Université de Washington et au Seattle Central Community College. Les
étudiants ont manifesté sur le campus en frappant sur les portes des classes pour
inviter les autres à les suivre.
Sur la côte est, en plus du District de Columbia, il y a eu des manifestations au
Maryland, en Pennsylvanie, à Rhode Island, au Massachusetts et ailleurs. À Philadelphie,
en Pennsylvanie, «plusieurs centaines de manifestants se sont donné rendez-vous à
l'hôtel de ville pour exprimer leur opposition à l'investiture de Bush en tant que
«commandant en chef autoproclamé des États- Unis».
À Northampton, au Massachusetts, des manifestants «portaient des pancartes et des
bannières avec des messages comme "Bush est une arme de destruction massive",
"Ramenez nos soldats" et "Exprimez votre humanité, mettez fin à l'empire,
commence l'effet domino". [...] Un marcheur bravant le froid avec sa jeune fille a
dit que "ce n'est plus un hyperbole de parler de fascisme aux États-Unis",
ajoutant que la jeune fille était là "pour ses enfants et pour l'avenir de son
pays".»
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