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7 Janvier 2003

L'après-Saddam Hussein réserve des surprises

« Menaces sur le Kurdistan irakien: un accord USA-Turquie»

Recevant lundi les principaux médias de son pays, le Premier ministre turc Abdullah Gul a laissé entendre qu'Ankara pourrait participer activement à la guerre contre l'Irak si une majorité en ce sens se dégageait au Parlement. Ce revirement était indispensable aux États-Uniens pour déployer une offensive terrestre contre Bagdad. Or, au cours des mois précédents, Ankara avait tenté de monnayer sa participation militaire auprès de Washington en échange de son entrée dans l'Union européenne et de la reconnaissance de son occupation de Chypre. Mais ces efforts avaient échoué. Dès lors, le virage politique de la Turquie laisse penser qu'Ankara a obtenu une autre compensation : le contrôle, voire l'annexion, du Kurdistan irakien. C'est cette perspective qui mobilise Kendal Nezan dans Le Figaro. (Kendal Nezan est président de l'Institut kurde de Paris).

Aujourd'hui, les Kurdes irakiens craignent plus une attaque de la Turquie contre eux qu'une attaque de l'armée de Saddam Hussein. Certes, l'AKP est moins anti-kurde que ne l'étaient ses prédécesseurs nationalistes, mais l'armée turque détient le vrai pouvoir dans le pays et se moque bien des orientations du gouvernement civil. Elle a déjà commencé à rassembler ses troupes à la frontière irakienne. Lors de la visite de Paul Wolfowitz à Ankara, les militaires n'ont pas hésité à déclarer qu'une « invasion temporaire » du Kurdistan irakien par leurs troupes était envisageable.


Une telle attaque détruirait toute les réalisations de la jeune démocratie kurde et ne se base sur aucune justification un tant soit peu crédible, malgré la pro! pagande des médias turcs. En effet, les responsables kurdes ne veulent pas l'indépendance, mais un régime fédéral en Irak. La Turquie n'a aucun mandat, ni droit de regard, sur les Kurdes des pays voisins. Les « droits historiques » de la Turquie sur Mossoul ont déjà été tranchés en 1925 par la SDN en faveur de l'Irak.


Par contre, une intervention turque en Irak pourrait entraîner une aggravation terrible de la situation dans toute la région en poussant l'Iran et l'Irak à contre attaquer et en entraînant les pays arabes et l'OTAN à s'impliquer dans le conflit.


Il est urgent que les dirigeants de l'Union Européenne pèsent de tout leur poids pour empêcher Ankara d'agir. L'UE doit demander à la Turquie de reconnaître aux Kurdes les mêmes droits que ceux que les Turcs veulent obtenir pour les turcophones chypriotes, de respecter les frontières internationales et de diminuer ses dépenses militaires a! fin de restaurer le pouvoir civil.

Kendal Nezan

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