Le 30 novembre, le New York Times rapportait que le
Comité international de la Croix Rouge a dit, dans un rapport confidentiel, qu'il a
établi qu'il y avait de l'abus à l'endroit des prisonniers comparable à une forme de
torture à la base militaire des États-Unis à la Baie de Guantanamo. À partir d'une
visite à la prison en juin, une équipe du Comité international de la Croix-Rouge
incluant des travailleurs humanitaires et du personnel médical expérimenté a trouvé un
système établi pour briser la volonté des prisonniers par «des actes humiliants, le
confinement solitaire, des températures extrêmes et l'utilisation de positions
contraignantes».
Selon le New York Times, le rapport confirme que «la construction
d'un tel système, dont le but énoncé est la production de renseignements, ne peut être
considéré autrement qu'un système intentionnel de traitements cruels, peu communs et
dégradants et une forme de torture». Envoyé au gouvernement des États-Unis en juillet,
le rapport indique que les prisonniers ont aussi été exposés à de la musique et à du
vacarme forts et persistants de même qu'à du froid prolongé et ils ont aussi subi
«quelques raclées». Le journal a précisé que le rapport n'a pas mentionné combien
des 550 détenus actuellement à Guantanamo ont subi de tels traitements.
L'équipe du Comité international de la Croix-Rouge a aussi relevé que le personnel
médical à la prison de Guantanamo a fourni aux interrogateurs des informations sur la
santé mentale et la vulnérabilité des prisonniers, une violation des normes d'éthique
internationale. Le Comité international de la Croix- Rouge, qui est la seule
organisation de surveillance indépendante autorisée à visiter les lieux, a
refusé «de confirmer publiquement ou de démentir» si les détails de l'article du New
York Times provenaient du rapport remis aux autorités américaines. Mais Antonella
Notari, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge, a indiqué au New York
Times que son organisation avait «exprimé son inquiétude, y compris en public, sur
le fait qu'il y a des problèmes significatifs qui doivent être traités à la Baie de
Guantanamo relativement aux conditions et aux traitements des personnes qui s'y
trouvent».
En relation avec ces nouvelles, le Center for Constitutional Rights (CCR) et quatre
Irakiens victimes de torture ont déposé un plainte criminelle au Bureau du procureur
général de l'Allemagne dans un tentative de tenir des haut dirigeants des États-Unis
responsables des actes brutaux de torture, incluant les abus largement publicisés qui ont
eu lieu à la prison Abu Ghraib en Iraq.
Les dirigeants des États-Unis poursuivis incluent le secrétaire à la défense,
Donald Rumsfeld, l'ancien directeur à la CIA, George Tenet, le sous-secrétaire à la
défense pour le renseignement, Steven Cambone et huit haut dirigeants actuels et
d'anciens commandants militaires en Irak.
Peter Weiss, vice-président du CCR, a dit que la loi allemande permet que des
criminels de guerre soient placés sous enquête et poursuivis indépendamment du lieu où
ils demeurent, sous la doctrine de juridiction universelle. Il a dit que les cours
allemandes sont le dernier recours car il n'y a tout simplement aucune autre place à
aller.
Il est clair que ni le gouvernement des États-Unis et ni le Congrès ne désirent
enquêter sérieusement sur les abus et examiner résolument le haut de la chaîne de
commande, a-t-il dit. Le président du CCR, Michael Ratner, qui a voyagé à Berlin pour
déposer la plainte, a dit que l'existence de mémos sur la torture rédigés par des
dirigeants de l'administration et l'autorisation des techniques qui violent les lois
humanitaires par le secrétaire Rumsfeld et d'autres haut dirigeants «démontrent de
manière évidente que la responsabilité pour Abu Ghraib et pour d'autres violations de
la loi incombe directement à ceux qui sont au sommet de l'échelon».
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