Les États-Unis d'Amérique recourent désormais couramment à la
torture dans leur guerre au terrorisme. Cette pratique, qui était jusqu'alors présentée
comme marginale, est aujourd'hui revendiquée par des militaires et des officiels de
l'administration Bush.
Alors que le Haut-commissariat aux Droits de l'homme de l'ONU a saisi l'administration
Bush à trois reprises sur le sort des prisonniers de Guantanamo, Amnesty International
s'inquiète du silence de la Maison-Blanche face aux révélations de la presse.
Divers responsables n'hésitent plus à justifier cette pratique. « Il
n'est ni immoral, ni illégal en principe, d'avoir recours à des formes de torture non
mortelles pour sauver des milliers de vies américaines innocentes », explique
l'un d'eux. « Voilà ce qu'il faut faire », écrit un
autre, en détaillant les supplices qui doivent être infligés aux
« terroristes ».
Le dossier
d'instruction du régime Bush
« En se moquant des lois de la guerre, les
États-Unis cherchent la tragédie » By
Flouting War Laws, U.S. Invites Tragedy Los Angeles Times (États-Unis)
Erwin Chemerinsky est professeur de
droit et de sciences politiques à l'Université
de Caroline du Sud. Il a été l'un des plaignant dans l'action en justice sur le sort
des détenus de Guantanamo.
Dimanche, Donald Rumsfeld a invoqué les
conventions internationales pour condamner les traitements infligés aux prisonniers de
guerre américains en Irak et l'utilisation des civils comme boucliers humains. Dès les
images de prisonniers américains diffusées, il a dénoncé une violation des Accords de
Genève.
L'hypocrisie de Rumsfeld est énorme car cela fait deux ans que l'administration Bush
viole ou ignore les lois et traités internationaux dans ce domaine. Aussi, même si nous
espérons que les soldats américains reviendront rapidement sains et saufs, il nous faut
constater que notre attitude a conduit l'Irak et d'autres nations à se sentir plus libres
dans leur façon de conduire les guerres et le traitement de leurs prisonniers.
Depuis 15 moi s, 600 captifs sont détenus à Guantanamo et le gouvernement ne
leur accorde pas le statut de « prisonniers de guerre », mais celui -bien
inférieur- de « combattants ennemis ». On sait désormais que des individus
continuent d'être incarcérés là-bas alors qu'ils ne sont pas terroristes et ne
détiennent aucune information vitale. Certains sont à l'isolement depuis 15 mois, sans
accusation, sans accès à un avocat ou contact avec l'extérieur. Ce traitement viole les
principes humains de bases et 25 détenus ont déjà tenté de se suicider.
Même si Donald Rumsfeld a raison de critiquer l'usage de boucliers humains, il est
difficile d'invoquer la loi internationale quand la guerre que l'on mène est elle même
une violation de cette loi.
Notre comportement a un coût énorme : les États-Unis ne peuvent pas espérer que
les nations étrangères traitent nos prisonniers en accord avec la loi internationale si
nous mêmes l'ignorons.
14.02.2005. Torture à Guantanamo :
témoignage de l'australien Mamdouh Habib (A
contre courant ... Al Faraby )
Mamdouh Habib,
Australien dorigine égyptienne détenu à Guantanamo sur des [ soupçons ] de
terrorisme, à présent quil est rentré chez lui à Sydney, affirme :
" J'ai été battu, reçu des
décharges électriques, subi des humiliations à caractère sexuel et presque été noyé
lorsque j'étais sous garde américaine dans le camp installé à Cuba. J'y suis
resté plus de trois ans sans être inculpé.
Propriétaire de café et père de quatre
enfants, je suis revenu à Sydney le mois dernier. J'avais été arrêté au Pakistan
quelques semaines après les attentats du 11 septembre aux États-Unis. Trois semaines
plus tard, j'ai été transféré en Égypte, où j'ai été torturé pendant six mois
avant d'être envoyé à Guantanamo en passant par l'Afghanistan.
On m'a affirmé que ma famille avait
été tuée, j'ai été déshabillé et menacé par un chien qui, selon mes
tortionnaires, était entraîné pour avoir des relations sexuelles avec les
humains, j'ai reçu des médicaments et placé à l'isolement pour me "rendre
fou". Je ne voyais jamais le soleil, je n'avais jamais de douche comme un être
humain, je n'avais jamais de verre pour boire, je n'étais jamais traité comme un être
humain.
Pendant les interrogatoires en
Égypte, j'ai reçu des coups de pied et j'ai été brûlé à la poitrine avec des
cigarettes. A Guantanamo, les Américains m'ont cogné la tête sur le sol, une femme
m'a étalé sur le visage du sang apparemment menstruel.
Sous la torture, j'ai avoué des choses
que je n'avais pas faites, comme de former les pirates de l'air du 11 Septembre.
"
Le ministre australien des Affaires
étrangères, Alexander Downer, a déclaré que Washington n'avait pas inculpé M. Habib
afin de ne pas rendre publiques les éléments retenus contre lui et qu'il avait
probablement été transféré en raison de son origine égyptienne.
Avec CANBERRA, Australie (AP, 13 février
2005)
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