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23 Juin 2003

Marchandages au Forum économique mondial

forcer le libre-échange capitaliste

L'administration Bush a choisi la réunion du Forum économique mondial en Jordanie (21-23 juin) pour exposer plus en détail son offre de « Plan Marshall » pour le Proche-Orient. Robert E. Zoellick en présente les principaux points dans le Washington Post. Washington va souscrire des accords bilatéraux : les États arabes pourront exporter leurs productions aux États-Unis, tandis que les États-Unis pourront investir chez eux. En outre, Washington apportera une aide financière et encouragera les États de la région à se fondre dans une zone de libre-échange d'ici 2013. Si cette offre est jugée généreuse par l'administration Bush, elle soulève bien des inquiétudes sur place. Beaucoup craignent que les subventions du département d'État ne soient qu'une manière de corrompre les gouvernements nationaux pour qu'ils laissent les investisseurs états-uniens acheter les richesses de leurs pays. Quoi qu'il en soit, l'argumentaire de l'administration Bush tente de répondre à l'avance aux critiques sur son protectionnisme. Les États-Unis, qui prétendent être un pays libéral, ont en réalité forgé un système asymétrique où ils peuvent accéder aux marchés émergeants, mais interdisent aux pays en voie de développement d'exporter chez eux. Dans The Guardian, Patricia Hewitt assure que le cabinet Blair agira pour faire évoluer ce système, non qu'il y ait un intérêt direct, mais par sens moral. Conscient de la force de cet argument et du léger recul anglo-saxon, le président da Silva a, une nouvelle fois, pris ses interlocuteurs au mot et exigé que le libre-échange devienne une réalité dont puisse bénéficier les États émergeants, comme le Brésil. The Independent reproduit un passage de son intervention remarquée au sommet du G8 à Évian.

L'Initiative de partenariat économique au Proche-Orient n'est qu'une des facette du remodelage de la région. Un autre aspect t est celui du découpage territorial. Henry Kissinger expose sa vision de la « feuille de route » dans Clarin. Israël pourrait abandonner quelques colonies, sans jamais revenir aux frontières de 1967. Tandis que les Palestiniens devraient renoncer au retour et adapter leur administration aux exigences israéliennes. Non seulement ce point de vue apparaîtra déséquilibré, mais il ne lèvera aucune suspicion. Dans le contexte actuel, chacun conserve à l'esprit le projet de démantèlement de l'Irak et de transfert des Palestiniens qui hante la région depuis la Déclaration Biltmore (1942) jusqu'au Plan Perle (1996). C'est précisément sur ce sujet que Shlomo Avineri s'aventure dans le Los Angeles Times. Revenant sur toutes les promesses d'avant-guerre, il propose de morceler l'Irak et d'y constituer un État kurde, ouvrant ainsi un processus de « yougoslavisation » du pays, tout en prétendant l'éviter. Et l'on perçoit déjà, q u'après le refus turc de participer à la guerre, un nouvel axe se constitue entre Israéliens et Kurdes face aux Arabes. En Jordanie, le Forum économique mondial bruisse de mille bruits tandis que la dynastie hachémite accueille Paul Bremer III, proconsul américain en Irak, et un cousin hachémite, prétendant à la couronne d'Irak.

Robert S. McNamara, tirant dans le Los Angeles Times les leçons de ses propres erreurs lorsqu'il était secrétaire à la Défense, dénonce le danger que représente la double politique de démilitarisation forcée des États-voyous et d'armement outrancier des États-Unis. Cette position est d'autant moins tenable que Washington n'a pas les moyens de contraindre le monde entier à lui obéir, alors que plus de soixante État sont déjà en capacité nucléaire. Dans le même quotidien, William M. Arkin salue les exploits des Forces spéciales US. Cependant, après avoir observé l'augmentation de 30 % de leur budget, il remarque q u'elles ont peut-être réussi à disperser les terroristes, mais pas à les vaincre. Il s'inquiète du recours toujours plus fréquent aux opérations militaires secrètes qui soustrait le Pentagone à tout contre-pouvoir, qu'il soit parlementaire ou citoyen.

James Baker III plaide dans le Moscow Times pour une détente russo-états-unienne. Même si les deux pays ne s'entendent pas sur tout, notamment à propos de l'Irak et de l'Iran, ils ne doivent pas se tourner le dos alors qu'ils ont tant d'occasions de faire du business ensemble. Enfin, dans Le Monde, Denis MacShane évoque De Gaulle pour justifier la position du gouvernement britannique selon laquelle l'Union européenne ne peut avoir de politique étrangère commune. Cette idée fédérale serait une tocade allemande qui conduirait les Français à affirmer l'Europe contre les États-Unis.

Réseau Voltaire

 

« Un retour à la source du libre-échange » A Return to the Cradle of Free Trade (Washington Post États-Unis) par Robert B. Zoellick (Le 9 de pique du régime Bush) , le négociateur des États-Unis à l'OMC pour l'AGCS.

L'accord de libre-échange entre la Jordanie et les États-Unis a permis la naissance d'une nouvelle génération d'entrepreneurs au Proche-Orient et amorce un retour vers l'époque où cette région était au cœur des échanges mondiaux en faisant la liaison entre la Chine et l'Europe. Les conflits militaires, les mauvaises politiques économiques et une brutale suppression des libertés ont coupé la région de l'économie globalisée.
Faire revenir le Proche-Orient dans l'économie globale prendra du temps, mais l'Amérique est engagée dans une stratégie qui aidera ces pays à construire des économies libres et dynamiques et à accroître le niveau de vie de tous :
-  Les États-Unis soutiendront l'entrée dans l'OMC des pays pacifiques de la région qui le souhaitent.
-  Les États-Unis vont étendre le Generalised System of Preference, un programme de détaxation de 3500 produits en provenance des pays en voie de développement.
-  Nous allons négocier des accords commerciaux et d'investissements avec les pays qui n'ont pas encore d'accords bilatéraux avec nous et approfondir ceux qui existent déjà.
-  Nous allons négocier des accords bilatéraux qui permettront aux investisseurs étrangers de disposer des mêmes droits que les investisseurs nationaux.
-  Nous allons demander au Congrès d'autoriser plus d'accord de libre-échange avec les pays de la région.
-  Nous allons lancer la Middle East Partnership Initiative qui aidera les pays en voie de développement.
La reconstruction de l'Irak offre une opportunité unique de réintroduire la région dans le commerce mondial.

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« Garantir la liberté économique des Irakiens » (Address by Ambassador L. Paul Bremer III
services de presse du Forum économique mondial ) L. Paul Bremer III (Le 8 de trefle du régime Bush) est administrateur civil états-unien en Irak.

" Après 30 ans de gouvernement totalitaire, les Irakiens sont enfin libres. Une société civile est en train d'émerger, la sécurité est en train de revenir et une presse libre se forme. George W. Bush et Tony Blair ont clairement exprimé leur souhait de voir un Irak libre, en paix avec ses voisins et dirigé par un gouvernement démocratique et représentatif.
Pour cela nous devons d'abord assurer la sécurité et nous devons donc mettre en place une police et une nouvelle armée irakienne. Ensuite nous transformerons politiquement l'Irak en mettant en place un Conseil politique représentatif de la société irakienne. Notre troisième priorité, plus immédiate, est économique et elle vise à garantir la liberté économique des Irakiens et la reconstruction du pays qui, avant guerre, avait 50 % de chômeurs et dont l'État allouait pourtant le tiers de son budget à l'armée. L'Irak souffre des maux économiques typiques des pays à l'économie contrôlée par l'État et manquant de liberté. Le marché alloue mieux les richesses que les politiciens.
Nous devons donc diminuer les subventions du secteur public et favoriser le secteur privé en encourageant les PME, en libéralisant l'économie et en incitant l'arrivée des investisseurs étrangers. L'Irak a des atouts et peut relever le défi économique. Le pétrole sera utile et il profitera à tous, soit sous la forme de dividendes comme en Alaska, soit en alimentant un fonds commun où sera puisée l'aide sociale le temps de la transition à une économie de secteur privé.
J'ai été homme d'affaire pendant 14 ans et je suis optimiste pour l'avenir de l'Irak. "

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« Les États-Unis privatisent l'Irak » (Libération France)  par Sami Naïr, Conseiller de Jean-Pierre Chevènement et député européen du Pôle républicain.

" Certains, dont moi, ont cru que les États-Unis attaquaient l'Irak pour prendre le pétrole, ils se trompaient. Les Américains veulent tout le pays.
Washington va privatiser les entreprises étatisées, dont le pétrole, créer une Bourse et implanter un régime fiscal qui favorise les investisseurs étrangers. Les compagnies étatisées seront déclarées insolvables et liquidées et les entreprises rentables seront vendues. Un investissement de quelque milliards suffira à faire passer la production pétrolière irakienne à 7 millions de barils par jour ce qui procurera un revenu de 60 milliards de dollars par an au cours actuel.
La résolution 1483 prévoit la création d'un fond de développement pour l'Irak qui recevra l'argent du pétrole. Il sera, de fait, dirigé par les États-Unis et le Royaume-Uni. C'est Philip Carroll, ancien PDG de Shell Oil qui supervise le ministère du pétrole.

KBR, une filiale d'Halliburton, une compagnie dirigée par Dick Cheney de 1995 à 2000 et qui lui verse encore un million de dollar par an, gère les opération et la distribution des produits pétroliers. Son contrat, obtenu sans appel d'offre, ne stipule ni durée, ni montant maximal.

L'administration du port d'Oum Kasr a été attribuée à la société américaine Stevedoring Services of America et la reconstruction a été attribuée à une demi-douzaine de compagnies privées anglo-saxonnes par l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). D'après certaines sources du Wall Street Journal, des instructions auraient été données pour que les entreprises françaises n'aient aucun contrat.
Il s'agit d'une colonisation et non la mise en place d'une démocratie.

Le pays a été divisé en trois zones correspondant aux trois anciennes régions ottomanes et seul Paul Bremer détient des pouvoirs exécutifs. Les Irakiens commencent à s'y opposer et le chaos s'installe.

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« Soldats secrets » Secret Soldiers  (Los Angeles Times États-Unis) par William M. Arkin, analyste en questions militaires, rédacteur du site The U.S. Military Online , chroniqueur du Los Angeles Times.

les forces spéciales ont eu un rôle important en Irak et, depuis le 11 septembre, Donald Rumsfeld et George W. Bush ont fait de ces unités leur armée préférée en raison de leur flexibilité et de leurs actions secrètes.
Ces forces étaient déjà en Irak alors que le président était encore en train de convaincre l'opinion du bien fondé de la guerre et elles ont opéré depuis la Turquie, l'Arabie saoudite et la Jordanie alors que ces pays ne souhaitaient pas que de trop nombreuses troupes états-uniennes se basent sur leur sol. L'influence de ces troupes se développe et pour la première fois, c'est un général issu des forces spéciales qui va prendre le commandement de l'US Army. On ignore quelles sont les opérations menées par ces forces actuellement en Irak, mais Rumsfeld a demandé au Congrès une augmentation de leur budget de 30 % et une augmentation de 10 % du nombre de commandos en 5 ans alors que les troupes au sol voient leurs effectifs diminuer. La plus forte augmentation a porté sur les unités des missions spéciales, dont le gouvernement nie connaître l'existence, mais qui ont fait le plus sale boulot dans la guerre au terrorisme.
Toutefois, les opérations de ces groupes dans la guerre au terrorisme ont surtout permis la dispersion des terroristes plutôt que leur destruction. Cela développe une culture du secret qui conduit les opérations militaires à se soustraire du jugement de l'opinion et des médias.

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