Dans le Christian Science Monitor, Amitai Etzioni s'élève contre le projet
d'USA Patriot Act II. Le célèbre sociologue, théoricien du contrôle social et de
l'humiliation des délinquants, rappelle que les services de police doivent rester soumis
au contrôle démocratique, faute de quoi, il n'y aura plus de démocratie. Cette tribune
est publiée au moment où les associations de défense des libertés civiques viennent de
révéler qu'un article discret du projet de loi vise à abroger une loi de 1947 et à
autoriser la CIA à espionner les citoyens états-uniens en échappant au contrôle des
magistrats. Dans le Los Angeles Times, le professeur Jonathan Turley
dénonce, quant à lui, le maintien en détention sans jugement de mineurs de moins de 16
ans au camp de Guantanamo. Il souligne que le camp, initialement prévu pour interner des
criminels de guerre, sert à détenir n'importe qui en le privant de tous ses droits. Cela
a un nom, conclut-il : le goulag. Cette polémique, qui a été ouverte par Amnesty
International et Human Rights Watch, est aujourd'hui instrumentalisée dans les
affrontements internes à Washington. Ainsi, répondant indirectement aux faucons qui
exigent sa démission, Colin Powell a écrit à Donald Rumsfeld pour exiger la libération
immédiate des personnes détenues abusivement par le Pentagone à Guantanamo.« Le Patriot Act est nécessaire mais aussi des amendements »
Patriot
Act is needed, but so are revisions, Christian Science Monitor (États-Unis)
Amitai Etzioni est professeur de
sociologie à la George Washington
University. Il est l'auteur de The Limits of Privacy. Il a été
membre de la Task Force on National Security in the Information Age, groupe financé par
la Markle Foundation, qui
regroupe les principales sociétés de hautes technologies et des représentants des
agences de renseignement des États-Unis.
J'ai des raisons personnelles pour m'opposer à
l'élargissement du champ du Patriot Act.
En 1964, j'ai été la victime d'un test de ma loyauté organisé par le FBI suite à des prises de positions
publiques dans lesquelles j'avais critiqué la Maison Blanche. Un faux espion polonais me proposait
de trahir mon pays ou sinon il aurait révélé que je vivais avec une femme avec laquelle
je n'étais pas marié, ce qui était choquant à l'époque. J'avais refusé et j'avais
prévenu le FBI qui n'avait rien fait. J'avais appris en 1990 qu'il s'agissait d'un test
organisé par un agent du FBI.
Une société ne reste pas libre très longtemps si ceux qui critiquent le
gouvernement sont traités comme des traîtres. Je comprends cependant que,
depuis le 11 septembre, nous devons adopter de nouvelles mesures pour assurer notre
sauvegarde. Je soutiens beaucoup d'entre elles, mais rien n'apprend plus que
l'expérience. Or, être traité comme un suspect uniquement à cause de mes
opinions m'a beaucoup appris. C'est pourquoi il faut créer un organe de
contrôle chargé de surveiller les forces de sécurité des États-Unis, composé par des
citoyens respectables et indépendants.
transmis par ReseauVoltaire
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