« Un week-end plein de honte »
A
Weekend Full of Shame
Moscow Times (Russie)
Boris Kagarlitsky est
directeur de l'Institute
of Globalization Studies
La fin de la semaine dernière (15-16 février 2003) a
été une succession d'humiliations pour l'administration Bush avec la remise du rapport
d'Hans
Blix et la grande marche mondiale contre la guerre. Les gouvernements ouest-européens
qui soutiennent Washington sont maintenant dans une situation très difficile puisqu'il
existe désormais un consensus mondial pour reconnaître que si Saddam Hussein est
une menace pour son peuple, c'est George W. Bush qui est une menace pour le monde.
Dans ce tableau, la Russie a montré toute son impuissance et son insignifiance. Moscou
dépend politiquement de Washington et économiquement de Berlin. Ce système de double
dépendance fonctionnait tant qu'il n'existait pas de différend germano-états-unien,
mais il a volé en éclats. Pendant dix ans, les spécialistes du Kremlin ont essayé de
convaincre l'opinion publique que ne pas être aux côtés des États-Unis c'était
s'opposer au reste du monde. Aujourd'hui, on peut constater l'inverse : ce sont les
États-Unis qui s'opposent au reste du monde. La Russie a donc montré que son action
n'était guidée que par l'opportunisme.
Vu cette situation, c'est avec une grande honte également, que j'ai constaté que, bien
que les Russes soient opposés à la guerre en Irak, ils ne se mobilisent pas plus qu'au
sujet de la guerre en Tchétchénie.
« Qui est avec le président Bush ? »
Who is with President
Bush ?
Washington Times (États-Unis)
Frank
J. Gaffney Jr est président du Center for Security
Policy, le think tank qui rassemble les principaux « faucons »
états-uniens. La dernière enquête du Réseau Voltaire lui est consacrée : « Le Centre pour la politique de sécurité : les marionnettistes de
Washington ».
Le président Bush avait averti les différents pays du
monde après les attentats du 11 septembre 2001 : on ne peut être qu'avec les
États-Unis ou avec les terroristes. Malheureusement, dans les mois qui ont suivi le 11
septembre, on a vu le président en compagnie de leaders qui ne cachent pas leurs
sympathies pour des terroristes.
Bush a alors montré au monde qu'on pouvait à la fois être avec les terroristes et être
admis à la Maison-Blanche. En effet, il a rencontré peu après les attentats des
responsables religieux musulmans qui condamnent sa politique antiterroriste et soutiennent
des organisations terroristes anti-israéliennes.
Il est dans l'intérêt de la nation et du président que les musulmans modérés,
respectueux des lois, amoureux de la paix et patriotes américains, reçoivent plus de
soutien et de pouvoir de la part de l'administration. Cela est nécessaire pour prouver
que nous menons une guerre au terrorisme et non une guerre à l'Islam. Cependant,
l'administration Bush ne doit pas permettre au passage à ceux qui soutiennent nos ennemis
de rencontrer le président.
« Les renseignements du peuple »
The people's intelligence
Christian Science Monitor
(États-Unis)
Larry Seaquist est un ancien
capitaine de vaisseau de l'US Navy et
stratège au Pentagone.
Il a été conseiller sur les approches créatives à la prévention des conflits du
directeur général de l'UNESCO
(1995-1999). Il est président du Strategy
Group.
Alors que le monde du renseignement n'a jamais été aussi
éloigné de nous, l'interprétation des informations issue du renseignement est devenue
un élément essentiel de la citoyenneté. Sans cette capacité de décryptage, on ne peut
pas juger les
preuves de Colin Powell ou la dernière cassette de Ben Laden.
Le monde du renseignement alimente les militaires et les politiques en informations, mais
celles-ci sont interprétées selon les besoins des récipiendaires et seront plus
utilisées pour nous persuader que pour nous informer. Si on ajoute à cela la tendance des
hommes politiques a créer de faux documents de renseignements pour leur propagande,
on constate que le public est en plein brouillard.
Il est donc temps qu'une organisation indépendante puisse collecter les informations
issues du renseignement pour les transmettre au public afin que les citoyens puissent
être vraiment informés et réagir aux menaces. |