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13 Juin 2003 Pétrole, reconstruction et récupération de cerveaux: il reste de bonnes affaires à faire en Irak

Reproduire en Irak l'opération "Paperclip » par laquelle les États-Unis recyclèrent les savants nazis dans les centres de recherche de leurs propres forces armées

Le think tank du lobby militaro-industriel se frotte les mains. L'Irak a été juteux. James Dobbins et Seth G. Jones se félicitent dans le New York Times de la rentabilité des investissements militaires. Les deux hommes, qui dirigent la Rand Corporation, le think tank du lobby militaro-industriel, affirment que les dépenses pharaoniques du Pentagone ont été largement rémunérées par la prise de contrôle de l'Afghanistan et de l'Irak.

Et sur la base de ce juteux business, ils proposent d'investir également dans la reconstruction de nations, sachant que leur savoir-faire ne se limite pas à la guerre et qu'ils peuvent assurer un service après-vente. Stanley A. Weiss relève pour sa part que le pétrole, loin d'être un atout, est presque toujours une malédiction pour les États qui en possèdent. Dans l'International Herald Tribune, il s'interroge sur la « chance » de l'Irak en la matière. Cependant ce constat objectif le conduit à une conclusion coloniale classique : il faut sauver les Ira kiens de la malédiction de leur pétrole en plaçant celui-ci sous tutelle.

John B. Wolfsthal regrette que l'on pourchasse les scientifiques irakiens impliqués dans les programmes d'armement de destruction massive et qu'on les traite comme des criminels alors qu'ils seraient de précieux auxiliaires pour détruire ces armes. Poussant plus loin le raisonnement dans le Los Angeles Times, il propose de veiller à leur réinsertion civile de sorte qu'à l'avenir, ils ne mettent pas leur savoir au profit de groupes terroristes. Il compare cette sollicitude avec celle dont bénéficièrent les savants soviétiques après l'effondrement de l'URSS. Cependant, si le régime de Saddam Hussein était bien un régime criminel, il serait plus juste de comparer cette proposition avec « l'opération Paperclip » par laquelle les États-Unis recyclèrent les savants nazis dans les centres de recherche de leurs propres forces armées.

« Le bilan de l'Amérique dans la reconstruction de nation » (America's Record on Nation Building in New York Times / États-Unis).  James Dobbins est directeur de la Rand Corporation et il a été le récent envoyé spécial de l'administration Bush en Afghanistan et il avait supervisé auparavant les opérations de maintien de la paix au Kosovo, en Bosnie, en Haïti et en Somalie. Seth G. Jones est membre de la Rand Corporation. Il s'exprime: "Washington a fait de lourdes dépenses dans le domaine militaire. Les États-Unis ont pu constater que le retour sur investissement avait été excellent. Malheureusement, l'Amérique a bien moins progressé dans le domaine de la reconstruction des États sortant de la dictature ou de la guerre.
Les réussites dans le domaine de la reconstruction qu'ont été l'Allemagne et le Japon après la Seconde Guerre mondiale semblent lointaines quand on voit le Kosovo et la Bosnie, même s'il est trop tôt pour pouvoir analyser les résultats en Irak et en Afghanistan. La reconstruction nécessite de l'improvisation, mais certains éléments comme l'effondrement des forces de police et l'émergence de groupes extrémistes sont prévisibles, d'autant que les États-Unis y ont souvent été confrontés. En tant que première puissance mondiale, les États-Unis ont le devoir de participer aux reconstructions des nations. Plus encore, ils ont le devoir de bien le faire. "

« L'Irak a besoin d'aide pour mettre fin à sa dépendance pétrolière »! (Iraq needs help kicking the oil addiction in International Herald Tribune / États-Unis) . Stanley A. Weiss est fondateur et président de Business Executives for National Security Il est également membre du Rand's Center for Middle East Public Policy et du Council on Foreign Relations. Il est ancien président d'American Premier, une entreprise minière et chimique américaine. Il s'exprime: " Les déclarations des responsables de l'administration Bush affirmant que le pétrole irakien est un atout pour la reconstruction du pays sonnent étrangement quand on voit le grand nombre d'États disposant de ressources pétrolières importantes mais affrontant des conditions économiques déplorables. Le pétrole, comme la drogue, fait oublier les problèmes du lendemain. Il attire toutes les ressources de l'économie nationale à lui, laissant des pans entiers de l'économie dans une situation difficile. En outre, les richesses immédiates qu'entraînent les exportations de pétrole détournent les gouvernements des prises de décisions délicates dans le domaine économique comme dans celui des réformes politiques. Ainsi, sur les dix premiers exportateurs de pétrole, seule la Norvège est une démocratie, et c'est sans doute parce qu'el le en était une depuis longtemps avant de découvrir ses ressources pétrolières dans les années 60.  En Irak, il faudra donc utiliser les ressources pétrolières pour reconstruire la pays, mais il faudra éviter certaines dérives en prenant différentes mesures. Dans un premier temps, il faudra que le gouvernement irakien n'ait pas en charge les affaires pétrolières afin d'éviter la corruption. Puis, une fois qu'il sera solide et bien installé, il aura un pouvoir limité sur cette industrie. Il faudra, en outre, s'assurer que le pétrole bénéficie à la population en investissant massivement dans l'éducation et la santé. Enfin, il faudra diversifier l'économie en développant le secteur industriel irakien. En agissant ainsi, on peut apporter la paix et la stabilité dans la région en faisant converger les intérêts économiques des États, notamment avec Israël. Pour cela, il faut un nouveau plan Marshall. Ce sera difficile, mais il faut utiliser les ressources pétrolières de l'Irak pour en faire le premier pays pétrolier à devenir une démocratie.

« Cesser de chasser les scientifiques irakiens et commencer à les recruter » (Stop Hunting Iraqi Scientists and Start Recruiting Them in Los Angeles Times / États-Unis) . Jon B. Wolfsthal est directeur adjoint du Carnegie Nonproliferation Project du Carnegie Endowment for International Peace. Il est co-auteur de Deadly Arsenals : Tracking Weapons of Mass Destruction. Il est ancien membre du département à l'Énergie états-unien où il était responsable des politiques de non-prolifération. Il a travaillé comme spécialiste sur le complexe nucléaire nord-coréen de Yongbyon. Il précsie: " Que Saddam Hussein ait eu ou non des armes de destruction massive, il est sûr qu'il disposait des scientifiques pouvant en concevoir. Or, la plupart d'entre eux sont encore en Irak, mais se cachent ou sont en fuite et les forces états-uniennes peinent à les trouver. Les États-Unis continuent de les traiter comme des criminels de guerre, mais ils n'ont pas réussi à tous les identifier.
Certains de ces scientifiques savent où se trouvent les armes de destruction massive ou, si elles n'existent pas, le matériel permettant d'en produire. Ils pourraient donc vendre ces armes ou ces produits ou bien les utiliser contre les États-Unis. Face à ce danger potentiel, nous devons appliquer la même politique qu'avec l'URSS lors de son effondrement. Il faut offrir une amnistie à la grande majorité de ces scientifiques, en excluant toutefois ceux qui ont participé directement à l'utilisation des gaz contre les Iraniens et les Kurdes, et mettre en place des structures permettant leur réinsertion dans la recherche civile.

Transmis par Reseau Voltaire.

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