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20 Mars 2003

La guerre, comme stratégie industrielle

Le contrôle des ressources énergétiques de l'Irak représente un enjeu stratégique primordial pour les États-Unis. L'enjeu économique se situe, lui, sur le marché de l'armement et, surtout, sur celui de la reconstruction. Cinq grandes sociétés se partagent d'ores et déjà le plus grand marché public depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Derrière elles, on retrouve George Schultz, Donald Rumsfeld et Dick Cheney.

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Le Président de la France, Jacques Chirac ne cesse de répéter qu'aux yeux des Européens, « la guerre est toujours la pire des solutions, le constat d'un échec ». Comme le relève l'essayiste préféré de George W. Bush, Robert Kagan, c'est précisément cette manière de penser qui détermine l'opposition fondamentale entre la vieille Europe et les néo-conservateurs au pouvoir à Washington. Pour ces derniers, la guerre est un acte créateur permettant de régénérer le monde, comme les destructions d'emplois peuvent être des procédés de modernisation des outils de production.

De ce point de vue, la destruction de l'Irak marque l'ouverture du plus grand marché public du monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Avant même que le président Bush ait adressé son ultimatum à l'Irak, le Pentagone, qui s'apprête à exercer un protectorat militaire sur le pays, avait déjà signé les contrats de reconstruction.

Cinq grandes sociétés états-uniennes se partagent ce gigantesque gâteau. En premier lieu, le Bechtel Group. Cette société de BTP, la plus importante des États-Unis, est détenue depuis quatre générations par la famille Bechtel. L'un de ses administrateurs n'est autre que George Schultz, l'ancien secrétaire d'État de Ronald Reagan. Il préside par ailleurs le Conseil d'orientation du Comité pour la libération de l'Irak, le lobby pro-guerre financé par Lockheed Martin. L'alliance Lockheed Martin-Bechtel augure un nouveau type de business : la destruction d'un pays par un marchand d'armes, puis sa reconstruction par un bétonneur.

Schultz siège également à la direction de Gilead Science, le géant de la pharmacie dont Donald Rusmfeld était le Pdg jusqu'à son retour au gouvernement. Cette firme vient d'obtenir d'importants marchés publics dans le cadre de la prévention des attaques chimiques et biologiques. En effet, Rumsfeld a réussi à convaincre son opinion publique que le régime de Saddam Hussein détiendrait encore quelques armes de destruction massive qu'il lui avait lui-même vendues pendant la guerre Iran-Irak et que Bagdad envisagerait des les utiliser contre le peuple états-unien. Au cours des dernières années, Gilead Science a tiré une grande partie de ses bénéfices des antiviraux qu'il produit pour traiter le sida. Le prix élevé de ces traitements ne permettant pas leur diffusion dans le tiers-monde, plusieurs États ont tenté d'en fabriquer hors licence. Ils ont été condamnés par l'OMC. En 1998, des antiviraux identiques ont été fabriqués hors licence par une usin e pirate à Al-Shifa (Soudan). À la demande de Rumsfeld et de Schultz, Bill Clinton accusa le centre d'Al-Shifa d'être une couverture pour la fabrication d'armes de destruction massive par Al Qaïda et le fit bombarder. Diverses enquêtes internationales montrèrent ultérieurement que ces accusations étaient sans fondements.

Le deuxième lauréat du marché de reconstruction de l'Irak est la Compagnie Halliburton. Leader mondial des équipements pétroliers, cette société connaît bien ce pays où elle a reconstruit l'essentiel des installations de forage et de raffinage après la guerre de 1991. Son PDG était alors Dick Cheney, qui venait de commander la destruction du pays en qualité de secrétaire à la Défense de George H. Bush (le père). Bien qu'officiellement Cheney ait démissionné de ses fonctions dans le privé lors de sa désignation comme vice-président de George W. Bush (le fils), il continue néanmoins à percevoir des émoluments résiduels approchant le million de dollars annuel. C'est donc dans une position équivoque qu'il commandera à cette nouvelle destruction de l'Irak qui ne manquera pas de lui rapporter de nouvelles primes.

Les autres bénéficiaires de la destruction de l'Irak sont The Fluor Group, Parsons Corporation et The Louis Berger Group ; trois sociétés qui se sont montrées particulièrement généreuses avec les think tanks des fondamentalistes.

Dans de telles conditions, on peut s'interroger sur le choix des cibles qui seront bombardées par les États-Unis : répondra-t-il uniquement à des objectifs militaires ou aussi à la préparation du plus vaste chantier du monde ?

Transmis par ReseauVoltaire

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