L'axe du mal. Le scénario d'une
guerre "rapide et victorieuse" promise par les faucons pourrait se révéler
désastreux et risque de conforter leur position en leur fournissant l'occasion de mettre
à exécution un projet mûri de longue date. Détruire un "axe du Mal" au
périmètre imprécis. Dans son livre sur la guerre
de M. Bush, le journaliste Bob Woodward rappelle que dès le 15 septembre 2001, M.
Wolfowitz conseillait au président Bush d'attaquer l'Irak : "une victoire contre l'Afghanistan n'est pas certaine. Par contre, le régime irakien est fragile et
tyrannique. Il s'effondrera rapidement. C'est faisable."
On comprend mieux l'ardeur à produire des preuves d'un
lien entre l'Irak et Al-Qaida.
En Novembre 2002, Ariel Sharon avait affirmé que dès le
lendemain de la victoire en Irak, les E.U. se devaient d'attaquer l'Iran. En fait, la
liste des pays qui se trouvent dans la ligne de mire des boutefeux du Pentagone inclut
dans un premier temps : la Syrie, la Lybie et l'Arabie Saoudite. (source : "The war
against the terror masters" de Michael Ledeen, édition St Martin's Press 2002).
Pour Michael Ledeen, connu surtout pour son implication
dans l'Irangate (ventes d'armes secrètes à l'Iran pour financer les Contras en 1985 -
1987), l'objectif n'est pas de déstabiliser ces pays : "la
recherche de stabilité serait indigne de l'Amérique. Notre pays est celui de la
destruction créatrice. Nous ne voulons pas de stabilité en Iran, en Irak, en Syrie, au
Liban, ni même en Arabie Saoudite
La question est de savoir comment déstabiliser
ces pays. Nous devons les détruire pour accomplir notre mission historique."
D'autres scénarios sont à l'étude et
fréquemment évoqués par ces stratèges néoconservateurs : Par exemple, le 10 juillet
2002 M. Laurent Murawiec, analyste français, à la Rand Corporation, était venu plancher
devant la Défense Policy Board, organe consultatif du Pentagone. Il est venu dénoncer
l'Arabie Saoudite comme "le noyau du mal, présent à tous les niveaux de l'action
terroriste" et comme le principal ennemie de l'Amérique.
Ce curieux expert suggérait au gouvernement américain de
lancer un ultimatum au royaume : si vous persistez à soutenir le terrorisme et à
autoriser des discours anti-américains et anti-israéliens, "nous confisquerons vos avoirs financiers, nous occuperons vos
champs de pétroles et nous prendrons pour cible vos lieux saints" .
Cette communication, révélée par le Washington Post
quelques semaines plus tard fut aussi l'occasion de lancer un autre ballon d'essai.
Monsieur Laurent Murawiec suggérait en effet qu'au-delà de l'Irak (pivot tactique) et de
l'Arabie Saoudite (pivot stratégique), c'est l'Égypte
qu'il fallait songer à contrôler.
(source: le "Monde Diplomatique" Avril
2003.)
|