>>>>> La Terre est un organisme vivant Le tremblement de terre en Asie et ses
terrifiantes conséquences sur la population nous rappelle d'une manière fulgurante que
la planète Terre est un organisme vivant tout comme l'univers dans lequel elle se meut.
Rien n'est figé, ni définitivement stable et l'être humain, embarqué sur ce fabuleux
"vaisseau" a une immense responsabilité morale et matériel, spirituelle à son
égard: celle de tout faire pour concourir à l'équilibre et à l'harmonie, celle de ne
rien faire -collectivement ou individuellement- qui pourrait générer de nouveaux et
cruels déséquilibres. Sinon, on le voit, la Terre se rebelle, hurle, crie.
Et cela n'arrive pas qu'ailleurs et aux
autres. Aucune zones de la planète qu'elle se trouve en Orient ou en Occident n'est à
l'abri. L'Europe est concernée tout comme les autres continents. Avec ce tremblement de
terre sous-marin l'axe de la Terre a bougé, accélérant le mouvement ovaloïde de
tournoiement de notre planète et donc de modification de l'exposition aux rayons solaires
entraînant inéluctablement d'importantes modifications des climats, niveaux d'eaux,
fécondations des sols, zones habitables.
La course effrénée aux pompage des
ressources du sous-sol entraîne une accélération des frottements des plaques
tectoniques, privées d'un "coussin" naturel d'amortissement des tremblements.
La course effrénée à la domination économique du monde entraîne, par une
sur-production polluante, une accélération de la rupture des équilibres climatiques et
des équilibres agricoles nourriciers. Et avec elle l'apparition de nouvelles maladies qui
déciment des millions d'êtres humains, de mauvaise alimentation devenue de la
"bouffe" qui stérilisent les potentiels des sols et de l'individu.
Lorsqu'une organisation de sociétés
humaines (système politique) organise le vampirisme de quelques-uns (états serviteurs
d'intérêts privés et égoïstes): ses conséquences nous interpellent et nous indiquent
qu'il est grand temps de changer de plan de conscience, d'inverser les pseudo-valeurs
prônées de compétition, de guerre économique, d'opposition entre les peuples et
les salariés de tel ou tel pays, de nivellement des différences créatrices par le
clonage psychologique, de standardisation des esprits et modes de vie dont le modèle
Etats-Uniens serait le summum.
L'émotion est grande et les médias
s'emploient à faire de l'audimat à l'instar de la guerre "préventive" lancée
contre un pays désigné ennemi public, l'Irak: le catastrophisme en direct, le voyeurisme
sans risque, le commentaire de salon, l'événementiel déconnecté des responsabilités,
l'info émotionnelle en boucle pour exacerber les bons sentiments tandis que le
tiroir-caisse des profits se remplit tant pour les médias audiovisuels que pour les
annonceurs, dédouanant au passage les pseudos informateurs et leurs maîtres.
Il est grand temps que le pouvoir
créateur et de transformation que possède l'humain soit, comme le rappelait il y a peu
un ministre brésilien, internationalisé et placé sous les auspices du bien commun pour
favoriser le développement harmonieux de la planète et de ses habitants insérés dans
le champs de conscience de l'univers. JPS
>>>>>
Pouvait-on éviter les morts du tsunami ? Oui, disent les scientifiques.
En plaçant, comme ils l'avaient
demandé, deux 'tsuna-mètres' (bouées dotées de sismographes) pour mesurer l'impact des
tremblements de terre. Les risques de l'Océan Indien étaient connus.
Compliqué ? Non. Depuis cinquante ans, les Etats-Unis ont installé six tsuna-mètres
pour protéger leurs côtes. Cher ? 250.000 $ pièce. C'est que coûte la machine de
guerre du Pentagone à chaque seconde (1,5 milliard $ par jour). Trop cher quand même ?
Oui. Les scientifiques n'avaient pas obtenu les crédits. Combien vaut une vie humaine
dans notre système ?
Ce n'est pas tout. Il semble que les autorités d'Asie auraient pu être prévenues. En
effet, les scientifiques travaillant pour la National Oceanic & Atmospheric
Administration des Etats-Unis ont averti bien à l'avance la base militaire US de
Diego Garcia, qui n'a guère subi de dommages. Mais il semble qu'ils n'ont pas décroché
un téléphone pour avertir les gouvernements d'Asie, selon les accusations de deux
citoyens US (*). Ils auraient juste envoyé un mail en Indonésie sans s'occuper de la
suite.
Si elles avaient été averties, les victimes auraient pu se retirer vers l'intérieur ou
se placer en hauteur. 10 ou 15 mètres faisant la différence entre la vie et le
désastre. Comment expliquer ce mépris pour les vies du tiers monde et des simples
touristes ?
Bien sûr, les gouvernements locaux et les gouvernements des pays riches peuvent aussi
être montrés du doigt pour n'avoir pas financé ces 'tsunamètres'. Et ce n'est pas la
première fois qu'on installe une industrie touristique dans une zone à risque.
En ces moments tragiques, que va faire
l'homme le plus puissant du monde ? Bush a jeté une aumône de 15 millions $. Soit un
millième de ce qu'il a dépensé contre le peuple irakien. Mais bien sûr, la guerre
rapporte gros aux multinationales, la guerre permet d'intimider et de maintenir leur
domination sur le monde.
Ce désastre nous donne à réfléchir :
1. Oui, les catastrophes sont naturelles, mais la plupart de leurs conséquences humaines
pourraient être évitées ou diminuées. Question de priorité dans les dépenses.
2. Une société où la science et la technologie sont si développées et ne servent pas,
n'est-elle pas une société absurde ?
3. A quoi faut-il consacrer des milliards ? A faire la guerre ou à sauver des vies ?
4. Le savoir peut-il rester monopolisé dans les pays riches ? Les experts et les
connaissances nécessaires existaient, mais au mauvais endroit. Car les cerveaux sont
achetés comme de vulgaires marchandises et monopolisés.
5. Un autre monde est non seulement possible, mais indispensable. Celui qui remplacera la
dictature du profit maximum des multinationales par la coopération et la solidarité
entre les peuples.
Michel Collon
(*) Communiqué de l'International Action Center
(USA), Sara Flounders et Dustin Langley, en version anglaise sur le site :
http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2004-12-30%2011:30:09&log=invites
>>>>> Créé par l'homme ?
Un "papier" récent de Tom Bearden laisse à penser que le tsunami en Asie a
été créé par l'homme lui-même. Dans son texte Bearden prévoit que les USA seront
détruits dans les deux années à venir. àlire sur www.cheniere.org
>>>>>> Les Etats-Unis selon Time
le New York Times estime jeudi que les Etats-Unis sont «pingres» dans leur aide promise
aux sinistrés des raz-de-marée qui ont ravagé dimanche plusieurs pays d'Asie du Sud et
du Sud-Est.
Dans un éditorial intitulé «Sommes nous pingres? Oui», le quotidien new-yorkais
souligne que les 15 millions de dollars d'aide initialement annoncés par les
Etats-Unis représentent«moins de la moitié de ce que le parti républicain va dépenser
pour les festivités de l'investiture» du président George W. Bush pour son
deuxième mandat, fin janvier.
«Même les 35 millions de dollars» au total, promis ensuite par M. Bush mercredi,
«ne représentent qu'une goutte d'eau de misère dans l'océan et correspondent au budget
pitoyable que les Etats-Unis consacrent à l'aide non-militaire à l'étranger»,
s'indigne le journal.
«Selon un sondage, la plupart des Américains croient que les Etats-Unis
dépensent 24% de leur budgetà l'aide aux pays pauvres, alors que le pays y consacre
moins de un quart de 1%», affirme le quotidien qui met également en cause les
aides annoncées et jamais versées.
«En 2002, M. Bush a annoncé (...) une aide de cinq milliards de dollars par an aux pays
africains pour l'assistance au développement, mais n'a pas encore dépensé un
seul dollar», ajoute le journal.
>>>>> Sur le coût des suites du Tsunami
en Asie du Sud- Est.
Je viens de faire paraître un livre qui s'intitule: " En finir avec le
sionisme". ( Voir les coordonnées en fin d'article). A cette occasion j'ai calculé,
en me basant sur les chiffres proposés par le gouvernement Sharon pour dédommagter les
colons israéliens qui occupent uine partie de Gaza, le chiffre qui serait nécéssaire
pour dédommager les Palestiniens qui ont été déracinés en 1948 ( la
"Nakbah") et après la guerre des six jours en juin 1967: je me suis fondé sur
160.000 familles à indemniser . ( C'est-à-dire sur 100.000 familles en 1948 et sur
60.000 familles en 1967: ce sont des chiffres approximatifs qui ont le mérite de
refléter, sans doute avec beaucoup d'erreurs, la situation de l'époque, et qui devront
bien sûr être repris dans les discussions qui surviendront un jour...). Si nous prenons
la moyenne proposée par le gouvernement Sharon, c'est-à dire 300.000 dollars par
famille, on arrive à la somme de 160.000 x 300.000 dollars = 48 milliards de dollars. Je
considère que ce chiffre peut être pris en compte pour dédommager les réfugiés ( qui
reviendraient sur leur territoire d'origine, ou qui accepteraient de vivre à l'extérieur
de Palestine-Israël. ) J'explique dans mon livre que cette somme vue à l'échelle des
souffrances et des privations du peuple palestinien n'est pas considérable, et qu'il
conviendrait au gouvernement israélien, aux Etats-unis et à l'Europe ( les trois
responsables à des degrés divers de la situation actuelle du peuple palestinien ) de se
partager cette somme et de la règler, dans un délai de trois ans ( après bien entendu
les études nécessaires).
Reprenons maintenant le bilan du Tsunami de l'Asie du Sud-Est : on
finira par compter environ 180.000 morts, plusieurs millions de population dans le
dénuement : combien de familles (restant) ? Si nous prenons les chiffres de la guerre de
Palestine-Israël de 1948 et de 1967 nous arriverons sensiblement au même chiffre ( à
10, 20, ou 30 % près...) : c'est-à-dire qu'il faudrait plusieurs dizaines de milliards
de dollars ( 30, 40, ou 50 milliards ...) Nous en sommes bien loin, et force est de
constater la pingrerie des grandes puissances "occidentales" à cet égard.
Lorsque le gouvernement américain fait voter au parlement 80 milliards de dollars
supplémentaires pour la guerre d'Irak ( c(est-à -dire un crédit annuel de près de 500
milliards !) presque tout le monde trouve cela naturel ... Et quand, après des
hésitations, Bush annonce ( cela s'appelle en effet un effet d' "annonce")
qu'il consentira à aller jusqu'à 500 millions de dollars, en prenant des mesures
"militaires" de lutte contre les effets du Tsunami ( envoi d'un porte-avion muni
d'hélicoptères, et sans doute d'autres moyens militaires), on reste coi.
Chaque Etat agit à sa guise, on sollicite à grands coups de publicité médiatique
les donateurs privés, et le total des sommes auxquelles on arrive ( et qui seront sans
doute amputées de 20 ou 30 % pour les frais d'envoi - transport et frais de personnels-)
est inférieur ou de l'ordre du milliard de dollars! C'est un scandale, c'est honteux, et
cela ressemble vraiment à ce que l'on a connu aux bons vieux temps du colonialisme ! Sans
parler des délais avec lesquelles cette " aide" est en train de s'organiser !
Une question se pose : et si l'occident n'avait pas personnellement connu ce désastre
( par les milliers de morts et les milliers de victimes européens), que ce serait-il
produit en occident? Il est vrai également que le nombre d'animaux morts, emportés par
le Tsunami est pratiquement nul : les animaux ont tous ressenti les ondes provoquées par
le Tsunami et se sont enfui à l'intérieur des terres . Il est vrai qu'ils n'avaient rien
à défendre au bord de la mer .... Jean Baumgarten
Mon livre " En finir avec le sionisme" vient
de paraître: prix de vente 10 euros . Pour se le procurer : écrire à la librairie la
Brèche 27 rue Taine Paris 12 ème et envoyer un chèque de 10 euros. ou bien envoyer
votre commande à Jean Baumgarten B.P. 17 - Goult - 84 220 . Bonne année à toutes et à
tous.
>>>>> Pour l'Asie : un
prélèvement fiscal mondial exceptionnel !
(ATAC)
« Il faut soigner d'abord et comprendre ensuite »,
disait Albert Camus dans La Peste. Tel est en effet l'objectif à atteindre d'urgence face
à la tragédie provoquée par la vague géante qui a causé des centaines de milliers de
morts et de blessés en Asie, des millions de sans abri et des pays entiers dévastés.
Calés dans nos fauteuils, nous regardons en direct à la télévision, et pour ainsi dire
comme si nous y étions, les images du drame. Par solidarité et compassion vraies, de
nombreuses personnes ont envoyé ou enverront un chèque aux organisations humanitaires.
Elles ont eu raison, et tout doit être fait pour amplifier l'effort. Mais est-ce
suffisant ? Peut-on en rester là ? Que faire de plus ? Nous devrions sérieusement
méditer sur les hypocrisies de l'époque. Et agir en conséquence.
Quelque chose en effet ne va pas dans l'attitude des médias et les commentaires faits par
la plupart des responsables politiques : cette catastrophe hors de toute mesure n'est pas
pensée. Réduite à une comptabilité et à des images macabres, elle est présentée
comme une fatalité du destin justifiant toutes les impuissances présentes, passées et
futures des autorités publiques nationales et internationales. Devant cette opération de
lobotomie médiatique, quelques vérités sont bonnes à rappeler.
D'abord, acceptons d'admettre que les morts d'un jour valent les morts de tous les jours.
Certes, la démesure du séisme, sa soudaineté, sa localisation géographique, la
symbolique biblique du déluge qu'il portait au moment des fêtes ne pouvaient
qu'entraîner le choc et l'émotion. Mais n'oublions pas ceci : chaque jour, selon la Food
and Agricultural Organization (FAO), à cause de la faim et de la malnutrition, la mort
fauche 25 000 vies, principalement des enfants. Rappeler cette réalité vise nullement à
relativiser la tragédie que nous connaissons aujourd'hui en Asie. On ne peut pas subir,
chaque jour, un choc émotionnel d'une même intensité pour des drames diffus, atomisés
sur l'ensemble de la planète, résultant d'une lente agonie, difficiles à traduire en
scoop d'images médiatiques. Peut-être ces affamés pourraient-ils consentir, pour leur
propre bien, à un effort supplémentaire et se mettre d'accord pour disparaître le même
jour ? Le total fait 9 millions, ce serait le record toutes catégories. Alors seraient
sans doute réunis les 40 milliards de dollars nécessaires annuellement, selon le
Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), afin de réaliser et de
maintenir l'accès universel à l'éducation de base, à l'eau potable et à des
infrastructures sanitaires, ainsi, pour les femmes, qu'aux soins de gynécologie et
d'obstétrique.
Reconnaissons, ensuite, que l'aide annoncée par les gouvernements et les instances
internationales est ridiculement dérisoire. Le vendredi matin du 31 décembre, 500
millions de dollars avaient été réunis, alors que l'Organisation des nations unies
(ONU) estime les besoins à plusieurs milliards. Les Etats-Unis ont annoncé 15 millions
de dollars d'aides, puis, devant les protestations que suscitait cette contribution
grotesque, 20 millions supplémentaires ont été ajoutés (25 millions d'euros au total).
Par comparaison, Monsieur Bush vient de demander au Congrès américain une rallonge
budgétaire de 80 milliards de dollars pour financer la guerre en Irak, qui en coûte 150
millions par jour. Par comparaison encore, les 400 plus gros contribuables des Etats-Unis
d'Amérique ont eu un revenu brut, avant impôts, de 70 milliards de dollars en 2000, dont
50 milliards provenant de revenus en capital : dividendes, intérêts, plus-values. Ce
chiffre ne reflète pourtant pas le véritable revenu de ces personnes : ni leur revenu
brut, ni leur revenu imposable. Leur revenu brut est inférieur à la réalité car il ne
comptabilise pas les milliards de dollars qui sont allés dans les paradis fiscaux. Leur
revenu imposable est également inférieur à ce qu'il devrait être, car de nombreux
revenus bénéficient d'exonérations fiscales : les intérêts sur les obligations
d'Etat, les primes d'assurance-vie, les cotisations aux fonds de pension... Mais il y a
plus. Ces très riches contribuables n'en ont jamais assez. Alors que leur taux
d'imposition était de 29,93 % en 1995, ils sont parvenus à le faire baisser, avec l'aide
d'un gouvernement complaisant, à 22,29 % en 2000.
La France, avec 40 millions d'euros d'aides versées, n'est pas en mauvaise position. Nous
ne pouvons que nous réjouir de constater qu'ainsi notre pays va dépasser la somme
engloutie pour le sacre de Monsieur Sarkozy à la tête de l'UMP (12 millions). Cependant,
et sans vouloir faire injure aux amateurs de football, on remarquera que l'achat de
l'exclusivité des droits de rediffusion du football français par Canal + a coûté 600
millions d'euros à cette chaîne.
En outre, l'instrumentalisation politique de la tragédie est désormais lancée. La
concurrence, ce principe fondateur de l'idéologie néolibérale, s'est même étendue à
l'aide humanitaire. Nous assistons à une sorte d'enchères, chaque pays voulant, dans des
limites évidemment « raisonnables », ne pas donner le moins, et chaque jour annonce une
nouvelle offre. Certes, ces aides, dont on ne doute pas qu'elles viennent du fond du
coeur, vont probablement grossir, et c'est tant mieux. Mais, sauf mobilisation populaire,
elles resteront très loin des besoins. L'initiative de Monsieur Bush de constituer une «
coalition internationale d'aide humanitaire » avec l'Inde, le Japon et l'Australie,
dotée de sommes et de moyens dérisoires, n'a pour but que de contourner et d'humilier
l'ONU, c'est-à-dire la seule source de droit international. La coopération
internationale, pour coordonner efficacement les efforts n'a, à aucun moment, été le
premier réflexe des élites mondialisées.
Et l'Europe ? Où est l'Europe ? Un obscur factotum a annoncé, dans un premier temps, une
aide de 3 millions d'euros. Se rendant compte que la somme était significativement
médiocre - cette seule prise de conscience montre qu'il ne faut pas désespérer de
l'Europe -, 30 millions d'euros ont été accordés en plus. Rien n'est plus symbolique
que cette attitude incroyable de l'Union européenne. Il est vrai qu'un des articles du
traité constitutionnel stipule que « le budget de l'Union est, sans préjudice des
autres recettes, intégralement financé par des ressources propres ». Cela signifie que
l'Union européenne, contrairement aux particuliers, aux entreprises et aux Etats, ne peut
emprunter. Or l'emprunt permet l'investissement dans les grands travaux d'infrastructures
publiques, que ce soit en Europe ou au titre de la solidarité internationale. Cette
castration politique de l'Europe, dont nous avons aujourd'hui un exemple emblématique, ne
pourra que renforcer notre détermination!
à assurer le succès du « non » lors du référendum sur le traité
constitutionnel.
Et le marché ? Où est le marché ? Car cette interdiction faite à l'Europe d'emprunter
pour investir dans les équipements publics, a été décidée au nom du marché. On nous
explique en effet, ad nauseum, que le libre jeux des marchés, sans entrave, et
particulièrement dans le domaine de la finance, permettrait une « allocation optimale
des ressources ». Si c'était vrai, nous aurions dû voir affluer en Asie, immédiatement
et spontanément, des masses de capitaux - une sorte de tsunami financier - pour aider au
redressement de la région. Hélas ! Hélas ! Les morts, les blessés et les sans abri ne
sont pas solvables, et aucun capital ne pourra fructifier dans ces conditions. Dans les
grands moments, ceux qui façonnent la collectivité humaine, le marché est toujours
défaillant. C'est bien la volonté politique qui compte, et c'est elle que la
mobilisation populaire doit restaurer.
D'autant que pendant le drame, les affaires continuent. Aucune morale, aucune retenue,
aucune décence n'est de mise, c'est business as usual. Certes, les tsunamis ont tué des
dizaines de milliers de personnes, dévasté des pays entiers, mais les Bourses
d'Indonésie et d'Inde battent des records, portées par un climat économique jugé
favorable. Selon Eddie Wong, analyste en chef pour l'Asie chez la banque ABM Amro : « Les
dommages subis par les bons hôtels ne semblent pas graves et il y a aussi des gagnants en
termes économiques, tels que les producteurs de ciment ». On pourrait ajouter aussi les
cercueils ! Alors voici une idée d'action immédiate : fermez d'urgence vos comptes
bancaires chez ABM Amro, si vous en avez, et transférez-les à la Poste, tant qu'elle
existe encore !
Devant cette nouvelle faillite des élites mondialisées, la mobilisation des citoyens et
des peuples pourrait s'organiser autour de cinq objectifs : un prélèvement fiscal
mondial exceptionnel préfigurant une véritable fiscalité mondiale ; l'augmentation de
l'aide publique au développement ; l'annulation de la dette publique des pays pauvres
concernés par la catastrophe ; la coordination internationale des services publics pour
reconstruire les pays dévastés ; la mise en place dans la région de systèmes d'alerte
des catastrophes.
Un prélèvement fiscal mondial exceptionnel. Il est largement temps d'imaginer une
fiscalité internationale pour réduire la fracture qui va croissant entre le Sud et le
Nord. L'exigence d'une fiscalité globale, au plan mondial, s'impose pour répondre,
notamment, à des catastrophes comme celle de l'Asie. Les possibilités techniques sont
nombreuses :
- Taxe sur les transactions financières dont le modèle est la taxe Tobin qui vise
les transactions sur les monnaies (elle peut néanmoins être étendue à l'ensemble des
transactions financières). L'actuelle administration américaine rend difficile une
avancée dans ce domaine. C'est de l'Union européenne que l'initiative devrait venir.
Elle a, en effet, la puissance économique et financière pour mettre en ¦uvre, de
manière unilatérale, de telles taxes. A un taux de 0,1 %, cette taxe rapporterait 110
milliards de dollars.
- Taxe unitaire sur les bénéfices : quel que soit le pays ou la région du monde
où s'installe une entreprise transnationale, elle sera soumise au même taux d'imposition
sur ses bénéfices. Cela limitera très fortement l'évasion et la fraude fiscales.
- Taxe sur les investissements directs étrangers (IDE) qui viserait à s'opposer à
l'évasion fiscale en freinant le choix de pays à faible fiscalité, et à l'érosion des
droits des salariés dans les pays d'accueil. Un taux de 15 % sur une assiette de 800
milliards rapporterait 120 milliards de dollars.
- Impôt sur la fortune. On peut taxer le stock, sur le modèle français, ou son
revenu, sur le modèle américain (les 1 % les plus riches ont autant que les 57 % les
plus pauvres). Un taux forfaitaire de 1 % appliqué à 5 000 milliards de dollars
donnerait 50 milliards.
- Taxe sur les émissions de carbone qui devra fortement inciter les producteurs à
réduire leurs émissions. Un prélèvement de 21 dollars par tonne de contenu en carbone
rapporterait 125 milliards de dollars.
Il est évident que la mise en place de telles taxes demandera des années. Sans attendre,
pour faire face à l'urgence, un prélèvement exceptionnel pourrait être décidé par la
communauté internationale ou, par défaut, par l'Union européenne. Il pourrait
correspondre, pour donner un exemple concret, à 0,05 % de la capitalisation boursière
mondiale (nombre d'actions cotées en Bourse à l'échelle mondiale, multiplié par la
valeur de ces actions) qui s'élevait, fin 2002, à 20 000 milliards d'euros. Un tel
prélèvement exceptionnel rapporterait 10 milliards d'euros. Personne ne pourra croire
qu'il mettra les actionnaires à genou et qu'il suscitera la panique sur les marchés
financiers. Prenons l'exemple d'un actionnaire de Renault. Le 31 décembre 2004, l'action
cotait 61,55 euros. Avec le prélèvement de 0,05 %, ledit actionnaire versera 3 centimes
d'euros ! Ainsi les marchés financiers seront-ils punis (modestement) par là où ils ont
péché. Ils sont en effet responsables de la crise !
financière qui s'est abattue sur l'Asie en juillet 1997. En quelques mois le chômage
était multiplié par 4 en Corée, par 3 en Thaïlande, par 10 en Indonésie. Au total, 12
millions de chômeurs supplémentaires étaient comptabilisés dans la région. La cause
de cette crise ? Une libéralisation « au pied de biche » des marchés financiers dans
ces pays, sous l'impulsion du Fonds monétaire international (FMI), qui a attiré des
masses de capitaux spéculatifs. Comme d'habitude, le FMI et le Trésor américain
croyaient que cette libéralisation aiderait ces pays à se développer plus vite. Mais
les pays asiatiques n'avaient aucun besoin de capitaux supplémentaires de cette nature,
leur taux d'épargne était très élevé. Ce ne serait donc que justice de faire payer
ceux qui ont déjà, en toute impunité pour l'instant, appauvris cette région.
L'augmentation de l'aide publique au développement. Selon l'OCDE, elle était en 2003,
pour les USA, de 0,1 % du Produit national brut (PNB), soit 16 milliards de dollars ; pour
le Japon de 0,2 % ; pour la France de 0,4 % ; contre 0,7 % auxquels ces pays s'étaient
engagés dans la déclaration du millénaire. Il est urgent d'atteindre les objectifs
fixés qui permettraient de collecter 49 milliards de dollars.
L'annulation de la dette publique des pays pauvres concernés par la catastrophe. Le
Canada a décidé un moratoire unilatéral de la dette publique de certains pays à son
égard. L'Allemagne, de son côté, a proposé un moratoire de la dette de l'Indonésie et
de la Somalie auprès du Club de Paris (groupe des pays créanciers). Actuellement, pour
ne prendre que quelques exemples, la dette de l'Indonésie est de 131 milliards de
dollars, de 58 milliards pour la Thaïlande et de 11 milliards pour le Bangladesh. La
perspective doit être clairement d'aller vers l'annulation de la dette publique des pays
les plus pauvres de la région, même si, dans un premier temps, des moratoires et des
réductions des créances sont toujours bons à prendre. Nous aurons tous les yeux
tournés vers le Club de Paris qui doit se réunir le 12 janvier.
Coordination internationale des services publics pour reconstruire les pays dévastés.
L'esprit de service public est capable de soulever des montagnes. Si, dans chaque pays,
les services des Postes, de l'électricité et du gaz, des chemins de fer, des
télécommunications, de l'eau, de l'éducation, de la santé, etc., se concertaient à
l'échelle internationale (les organisations syndicales peuvent puissamment y contribuer),
l'aide d'urgence et la reconstruction des pays dévastés serait assurée. Des moyens et
des agents seraient détachés sur place. Les anciens services publics, qui ont été
privatisés, verraient leurs moyens réquisitionnés par la puissance publique. C'est bien
ce que font les gouvernements lorsqu'il y a la guerre...
Mise en place dans la région de systèmes d'alerte des catastrophes. Il se dit que la
base militaire des Etats-Unis à Diego Garcia, située pourtant au sud du Sri Lanka,
n'aurait pas été affectée par le tsunami. Elle aurait été prévenue par la National
Oceanic & Atmospheric Administration. Celle-ci, pas plus que les militaires, n'aurait
pensé à prévenir les gouvernements asiatiques concernés... La preuve serait ainsi
administrée qu'un système d'observation et d'alerte aurait permis d'éviter le drame.
Le 6 janvier, l'ONU a convoqué une réunion internationale des pays donateurs. Le monde
attend qu'y soient prises des décisions d'ampleur, à la mesure de la situation. Les 110
Chefs d'Etat qui ont soutenu récemment l'idée de taxes globales ont l'opportunité,
au-delà de la simple déclaration d'intention - qu'il fallait faire néanmoins - de
passer aux actes. Les Chefs d'Etat des 25 pays de l'Union européenne, devraient ensuite
se réunir pour organiser, enfin, l'aide de l'Europe.
Oui ou non l'hypocrisie des bons sentiments va-t-elle cesser, et laisser la place aux
vraies mesures susceptibles de répondre aux vrais problèmes ?
Le 2 janvier 2005
Par Jacques Nikonoff, président d'Attac France
Une version courte est parue dans Libération, le 4 janvier 2005.
http://www.liberation.fr/page.php
?Article=265637
>>>>> Via Campesina
lance une initiative internationale
Via Campesina lance
une initiative internationale pour recueillir des fonds afin de venir en aide aux
communautés frappées par la catastrophe du raz-de-marée en Asie. Via Campesina (réseau
international de mouvements paysans, de familles paysannes, d'ouvriers agricoles, de
peuples indigènes, et d'organisation de paysans sans terre ainsi que d'autres mouvements
ruraux), lance un appel à la solidarité avec les millions de personnes affectées par le
désastre du tsunami en Asie du Sud-Est. Via Campesina lance une campagne internationale
de collecte de fonds en solidarité avec les communautés locales de pêcheurs et de
paysans pour leur permettre de mettre en place leurs propres actions de secours et de
reconstruction en s'appuyant sur les organisations locales.
Nous faisons appel à
vos dons pour permettre dans un premier temps de répondre à l'urgence en fournissant une
aide alimentaire, de l'eau potable, des abris et des médicaments aux familles de paysans
et de pêcheurs frappées par le raz-de-marée et, dans un deuxième temps, leur offrir
les moyens de reconstruire leur communautés et leurs moyens de subsistance.
Pour Via Campesina,
les secours qui doivent être mis en place doivent impliquer activement les communautés
paysannes et les communautés de pêcheurs. Les organisations locales doivent jouer un
rôle de premier plan dans la mobilisation et la définition des actions à entreprendre.
Via Campesina veut donner à ces communautés et à leurs organisations le support
politique dont elles ont besoin pour obtenir les fonds nécessaires à cet effort de
reconstruction. Les sommes que nous recueillerons dans le cadre de cette campagne seront
destinées essentiellement à renforcer les communautés locales afin de leur permettre de
jouer ce rôle clé.
Le succès des
actions de secours entreprises par la société civile lors de catastrophes précédentes
en Amérique latine, en Asie et en Afrique, contraste avec l'inefficacité des secours mis
en place par les gouvernements. Ces actions concrètes ont souvent renforcé les
organisations locales de la société civile en permettant à groupes jusque là
marginaliser de prendre le contrôle de leur propre vie.
Travaillons tous ensemble pour aider ceux frappés
aujourd'hui, et faisons le d'une manière qui renforce les communautés paysannes et des
communautés de pêcheurs.
Aux morts sans
nombre, viennent s'ajouter les millions de personnes déplacées, et les centaines de
milliers de personnes qui ont perdu leur maison, leur matériel de pêche, leurs outils
agricoles.
Les pêcheurs n'ont plus de barques ni de filets; les paysans ont perdu leurs bêtes et
leurs terres sont contaminées, leurs récoltes ont été détruites. Vos dons leur
permettront de se relever peu à peu.

Exemples d'action qui
sont déjà en cours : En Indonésie, la fédération nationale
indonésienne des organisations paysannes (FNIOP), membre de Via campesina, avec d'autres
organisations non-gouvernementales de la société civile, a mis sur pied une équipe de
secours qui travaille actuellement dans la région de Aceh où l'on dénombre plus de 25
000 morts et des dizaines de milliers de blessés et de sans-abri, ainsi que dans le nord
de Sumatra (cinq mille morts) ou d'une distribution de vivres ont commencé. L'équipe
mise en place par la FNIOP participe au secours et à la recherche de personnes disparues.
Au Sri Lanka, pays le plus fortement touché par le tsunami,
l'organisation nationale des pêcheurs (National Organization of Fisherfolk (NAFSO) a
envoyé cinq équipes de secours dans les zones les plus durement frappées pour venir
seconder les populations locales dans leurs efforts de reconstruction.
>>>>> Urgence de sens
Nous sommes le 31 Décembre au matin, il est 7 heures. Je suis revenu au
bureau après des visites de terrain avec les animateurs de INDP et de la BRWD.
Nous prenons un moment pour recouper les informations des officiels, des journaux
avec les donnés du terrain avant de repartir à nouveau. Jen profite pour ma part
pour vous répondre et pour envoyer des extraits de presse en anglais . Au cours de
la réalisation du « rapport citoyen » dans le cadre de la célébration des
50 ans de lindépendance de lInde nous avions interviewé M. Balambikkai
étudiante âgée de 19 ans qui nous avait dit entre autre « nous vivons sur la
côte nous ne savons pas quand la mer nous submergera !! ».
Ce sont ces mots qui nous sont revenus en mémoire quand locéan pacifique
sest déchaîné le 26 décembre 2004 au matin. La furie a duré quelques minutes
qui ont suffit pour avaler des centaines de personnes et pour mettre à la rue des
milliers dautres.
Chacun des survivants à sa manière a pu expérimenter sa petitesse et la
fragilité du souffle de vie qui l anime.
« La nature reprend ses droits » ont dit certains en prenant
conscience de la prétention à vouloir tout dominer et tout contrôler et de
larrogance qui peuvent monter à la tête des êtres humains.
La solidarité sest exprimé de suite sans attendre les consignes officiels
et les gens ont collecté vêtements, préparé des repas et se sont porté
volontaire pour les recherches et les évacuations.
Nous avons été agréablement surpris de voir que ce sont toujours les plus
pauvres qui ont fait le plus et dans la dignité en offrant des habits neufs !
Le système de castes continue de hanter cette fois ci les camps de
réhabilitation, même lors des tragédies
En effet nous avons été surpris de trouver les pêcheurs divisés en pêcheurs
dalit et pêcheurs non dalits avant dêtre abrités dans les écoles, les salles de
mariage ou des anciens fermes délevage avec ou sans eau potable,
toilettes et espaces libres suivant donc le statut social !
. Certains se
trouvent nourris trois fois par jour,dautres qui mangent une fois par jour et qui
manque deau potable.
Un de nos correspondants européens au téléphone nous disait que linde
avait refusé toute aide extérieure. On ne peut quêtre fier en lentendant
quand on sait que le problème nest pas un problème de finances mais de
distribution et de partage équitable en temps durgence comme en temps normal.
Il y a toujours les politiciens, les sectes et les Ongs qui profitent de
pareilles situations pour se placer. Il y a une logique à définir pour parer à
lurgence et en même temps préparer la suite ; même les victimes le
réclament haut et fort.
Nous essayons avec nos moyens limités et dans ce gros remue ménage de ne pas
perdre nos repères pour nous mêmes et les populations. Nos intervenons sur le plan
psychologique dans le cadre des aides médicales; aspect un peu négligé mais qui fait de
gros dégâts et sur le plan daide légale pour permettre de construire
lavenir et dutiliser laide offerte.
Lannée 2004 a volé la vie de beaucoup denfants en inde . Nous
sommes à lheure que je vous écris en état alerte. 2005 doit nous réserver sans
doute bien des défis pour nous les indiens mais aussi pour dautres populations de
par le monde. Des défis quil faudra relever avec courage, fermeté et
dignité ; en restant orienté dans la mesure de nos moyens et de nos
possibilités vers les quelques principes éthiques de base. Pour que engloutit
ou pas par une vague nous puissions dire « Ma vie a eu un sens
».
Que 2005 puisse nous
rapprocher un peu plus dans la recherche de la justice et du bonheur pour tous
.
Augustin Brutus
Controverses:
Vos dons serviront à rembourser leur dette, sauf si
Depuis le séisme du 26 décembre au
large de l'Indonésie, beaucoup de chiffres ont fait les grands titres de l'actualité,
irrémédiablement à la hausse : nombre de victimes, coût des dégâts constatés, aide
internationale
Les rencontres entre grandes puissances se succèdent : conférence
de Jakarta, réunion du G8, session du Club de Paris
Prenons le temps de commenter
quelques faits et chiffres méconnus qu'il faut placer au cur du débat. Onze pays
ont été touchés : Indonésie, Sri Lanka, Inde, Thaïlande, Somalie, Maldives, Malaisie,
Birmanie, Tanzanie, Bangladesh et Kenya.
Cet ensemble est très hétérogène,
puisqu'il regroupe des pays asiatiques et des pays africains, des pays économiquement
émergents et des pays très pauvres, des pays remboursant des sommes colossales et
d'autres en état de cessation de paiement. Pour autant, la nature n'a pas choisi et il
serait particulièrement indécent de distinguer parmi ces pays pour accorder aux uns ce
que l'on refuserait aux autres. À la fin 2003, la dette extérieure de ces onze pays
s'élevait à 406 milliards de dollars [1]. Leurs performances économiques étant fort
diverses, leurs créanciers le sont aussi [2].
Les pays prometteurs, comme l'Inde ou
la Thaïlande, ont une dette essentiellement d'origine privée, contractée notamment sur
les marchés financiers ou auprès de grandes banques. Les pays pauvres, comme le Sri
Lanka ou le Bangladesh, ont une dette essentiellement multilatérale, détenue par la
Banque mondiale, des banques régionales de développement ou le FMI. Des pays plus
isolés au niveau international, comme la Somalie, ont une dette principalement
bilatérale, contractée envers des pays riches. Tous les grands créanciers sont
concernés par la recherche d'une solution prenant en compte l'intérêt des peuples
touchés.
En 2003, ces onze pays ont remboursé
68 milliards de dollars à leurs créanciers étrangers, contre 60 milliards l'année
précédente. Cette année-là, leurs pouvoirs publics ont remboursé 38 milliards de
dollars [3] à eux seuls. La ponction est énorme : entre 1980 et 2003, les remboursements
ont représenté onze fois leur dette de 1980, alors que dans le même temps, cette dette
a été multipliée par cinq [4]. L'aide internationale promise est estimée à 6
milliards de dollars, dont 4 par des institutions officielles. Loin de vouloir dissuader
cet élan de générosité, qui soulage la bonne conscience du donateur bien avant les
souffrances des victimes, il est urgent de noter que ces onze pays remboursent chaque
année six fois plus.
Derrière la générosité
médiatisée à outrance, même quand elle est sincère, demeure donc un mécanisme très
subtil qui aspire les richesses des populations du Sud vers leurs riches créanciers.
Puisse la tragédie de décembre servir à mettre en lumière cette autre tragédie,
dépassant largement le cadre de ces onze pays sinistrés : la dette. A cause d'elle, et
avec la complicité des classes dirigeantes locales qui ont un intérêt personnel dans
l'endettement de leurs pays, des Etats n'assurent pas à leurs peuples la satisfaction des
besoins fondamentaux, la misère et la corruption se répandent, la souveraineté
politique et économique de dizaines de pays devient une expression vide de sens, les
ressources naturelles sont pillées ou bradées à de puissantes multinationales, les
cultures d'exportations sont imposées au détriment des cultures vivrières. Il s'agit
d'un centre nerveux particulièrement vigoureux d'un modèle économique prédateur et
oppressif.
Quel créancier oserait déclarer
publiquement qu'il va continuer à attendre des remboursements de pays sinistrés à ce
point ? Cependant, aucun n'y a définitivement renoncé. La réunion du Club de Paris,
fort tardive du reste (17 jours après le séisme) et regroupant 19 pays riches, ne doit
pas faire illusion : les créanciers sont prêts à suspendre les paiements, sans
annulation significative de dette, pour mieux imposer une conditionnalité stricte qui
sera assurée par le FMI. Pourtant, ce même FMI s'est déjà distingué lors de la crise
de 1997-1998 par des remèdes pires que le mal. En son âme et conscience, tout créancier
peut décider de renoncer à ses créances. Là, tout de suite. Cela s'est déjà produit
dans les dernières années pour des raisons géostratégiques [5].
Des centaines de mouvements sociaux
présents dans cette région, notamment les réseaux CADTM et Jubilé Sud, ont appelé à
l'annulation, montrant la solidarité objective qui existe entre tous ceux qui subissent
la tyrannie de la dette. Un moratoire ou une simple réduction ne peuvent être tolérés.
Seule l'annulation totale et inconditionnelle de la dette extérieure publique des pays
touchés, avec contrôle des sommes libérées par les population locales, est une
réponse à la mesure du désastre provoqué par les tsunamis. Sinon, vos dons serviront
juste, tôt ou tard, aux pays dévastés à rembourser une dette devenue immorale.
11 janvier 2005 Damien Millet et Éric Toussaint
Damien Millet est
président du CADTM France, Éric Toussaint est président du CADTM Belgique (Comité pour
l'Annulation de la Dette du Tiers Monde). Ils sont auteurs du livre 50 questions 50
réponses sur la dette, le FMI et la Banque mondiale, éd. Syllepse/CADTM, 2003.
[1] Calculs des auteurs sur la base
des chiffres de la Banque mondiale. [2] Ils sont privés à 47 %, bilatéraux à 27 % et
multilatéraux à 26 %. [3] Dont 16 pour les institutions multilatérales (7 pour la
Banque mondiale et 4 pour le FMI) ; 9 pour les pays riches ; 13 pour les investisseurs
privés. [4] Calculs des auteurs sur la base des chiffres de la Banque mondiale. [5]
Égypte et Pologne en 1991, Russie en 1998, Yougoslavie et Pakistan en 2001.
Page
d'origine : www.reseauvoltaire.net/article15916.html
«
Un tsunami provoqué par l'homme » par Terry Jones, Scénariste, acteur et réalisateur, Terry Jones
est membre des Monty Python. (source : The Guardian, référence : « A man-made
tsunami », par Terry Jones, The Guardian, 11 janvier 2005.)
Je
suis déconcerté par les réactions mondiales à la tragédie du tsunami. Pourquoi les
journaux, la télévision et les politiciens en font-ils autant ? Pourquoi les
Britanniques ont-ils donné plus de 100 millions de livres sterling aux survivants et
pourquoi Tony Blair a-t-il promis des centaines de millions ? Pourquoi l'Australie
promet-elle 435 millions de livres, l'Allemagne 360 millions et George W. Bush 187
millions. Bien sûr, c'est merveilleux de voir la race humaine se rassembler pour aider
les victimes du désastre, mais pourquoi aider ces victimes là et pas celles d'Irak ?
D'après
la seule estimation scientifique dont on dispose, la guerre aurait fait près de 100 000
morts chez les civils irakiens tandis que le tsunami en a fait (à ce jour) 150 000.
Pourtant, concernant l'Irak, les médias semblent refuser de montrer les images de ces
victimes. Pas de reporters à Fallouja pour expliquer qu'en 30 ans de métier, il n'a
jamais rien vu de tel. Le Pape n'a pas appelé les croyants à se souvenir des Irakiens
dans leurs prières et MTV n'a pas fait de minute de silence pour eux. Au
contraire, George W. Bush et Tony Blair cherchent à minimiser le nombre de morts (malgré
le sérieux méthodologique de l'étude publiée) tout en interdisant tout décompte.
Les
morts causés par les bombes et les coup de feu méritent-ils moins de pitié que ceux
causés par une vague géante ? Une vie irakienne veut-elle moins qu'une vie
indonésienne, thaï, indienne ou suédoise ? pourquoi les télévisions et les journaux
ne cherchent-ils pas à lever des fonds pour les victimes irakiennes ? Pourquoi ne
pleurent-ils pas sur ce tsunami que nous avons provoqué au Proche-Orient ? C'est
déroutant. |