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Actualités

28 Décembre 2004

Tsunami en Asie du Sud-Est

Pouvait-on éviter les morts du tsunami ? Oui, disent les scientifiques

>>>>> La Terre est un organisme vivant

Le tremblement de terre en Asie et ses terrifiantes conséquences sur la population nous rappelle d'une manière fulgurante que la planète Terre est un organisme vivant tout comme l'univers dans lequel elle se meut. Rien n'est figé, ni définitivement stable et l'être humain, embarqué sur ce fabuleux "vaisseau" a une immense responsabilité morale et matériel, spirituelle à son égard: celle de tout faire pour concourir à l'équilibre et à l'harmonie, celle de ne rien faire -collectivement ou individuellement- qui pourrait générer de nouveaux et cruels déséquilibres. Sinon, on le voit, la Terre se rebelle, hurle, crie.

Et cela n'arrive pas qu'ailleurs et aux autres. Aucune zones de la planète qu'elle se trouve en Orient ou en Occident n'est à l'abri. L'Europe est concernée tout comme les autres continents. Avec ce tremblement de terre sous-marin l'axe de la Terre a bougé, accélérant le mouvement ovaloïde de tournoiement de notre planète et donc de modification de l'exposition aux rayons solaires entraînant inéluctablement d'importantes modifications des climats, niveaux d'eaux, fécondations des sols, zones habitables.

La course effrénée aux pompage des ressources du sous-sol entraîne une accélération des frottements des plaques tectoniques, privées d'un "coussin" naturel d'amortissement des tremblements. La course effrénée à la domination économique du monde entraîne, par une sur-production polluante, une accélération de la rupture des équilibres climatiques et des équilibres agricoles nourriciers. Et avec elle l'apparition de nouvelles maladies qui déciment des millions d'êtres humains, de mauvaise alimentation devenue de la "bouffe" qui stérilisent les potentiels des sols et de l'individu.

Lorsqu'une organisation de sociétés humaines (système politique) organise le vampirisme de quelques-uns (états serviteurs d'intérêts privés et égoïstes): ses conséquences nous interpellent et nous indiquent qu'il est grand temps de changer de plan de conscience, d'inverser les pseudo-valeurs prônées de  compétition, de guerre économique, d'opposition entre les peuples et les salariés de tel ou tel pays, de nivellement des différences créatrices par le clonage psychologique, de standardisation des esprits et modes de vie dont le modèle Etats-Uniens serait le summum.

L'émotion est grande et les médias s'emploient à faire de l'audimat à l'instar de la guerre "préventive" lancée contre un pays désigné ennemi public, l'Irak: le catastrophisme en direct, le voyeurisme sans risque, le commentaire de salon, l'événementiel déconnecté des responsabilités, l'info émotionnelle en boucle pour exacerber les bons sentiments  tandis que le tiroir-caisse des profits se remplit tant pour les médias audiovisuels que pour les annonceurs, dédouanant au passage les pseudos informateurs et leurs maîtres.

Il est grand temps que le pouvoir créateur et de transformation que possède l'humain soit, comme le rappelait il y a peu un ministre brésilien, internationalisé et placé sous les auspices du bien commun pour favoriser le développement harmonieux de la planète et de ses habitants insérés dans le champs de conscience de l'univers.       JPS

>>>>> Pouvait-on éviter les morts du tsunami ? Oui, disent les scientifiques.

En plaçant, comme ils l'avaient demandé, deux 'tsuna-mètres' (bouées dotées de sismographes) pour mesurer l'impact des tremblements de terre. Les risques de l'Océan Indien étaient connus.
Compliqué ? Non. Depuis cinquante ans, les Etats-Unis ont installé six tsuna-mètres pour protéger leurs côtes. Cher ? 250.000 $ pièce. C'est que coûte la machine de guerre du Pentagone à chaque seconde (1,5 milliard $ par jour). Trop cher quand même ? Oui. Les scientifiques n'avaient pas obtenu les crédits. Combien vaut une vie humaine dans notre système ?

Ce n'est pas tout. Il semble que les autorités d'Asie auraient pu être prévenues. En effet, les scientifiques travaillant pour la National Oceanic & Atmospheric Administration des Etats-Unis ont averti bien à l'avance la base militaire US de Diego Garcia, qui n'a guère subi de dommages. Mais il semble qu'ils n'ont pas décroché un téléphone pour avertir les gouvernements d'Asie, selon les accusations de deux citoyens US (*). Ils auraient juste envoyé un mail en Indonésie sans s'occuper de la suite.
Si elles avaient été averties, les victimes auraient pu se retirer vers l'intérieur ou se placer en hauteur. 10 ou 15 mètres faisant la différence entre la vie et le désastre. Comment expliquer ce mépris pour les vies du tiers monde et des simples touristes ?
Bien sûr, les gouvernements locaux et les gouvernements des pays riches peuvent aussi être montrés du doigt pour n'avoir pas financé ces 'tsunamètres'. Et ce n'est pas la première fois qu'on installe une industrie touristique dans une zone à risque.

En ces moments tragiques, que va faire l'homme le plus puissant du monde ? Bush a jeté une aumône de 15 millions $. Soit un millième de ce qu'il a dépensé contre le peuple irakien. Mais bien sûr, la guerre rapporte gros aux multinationales, la guerre permet d'intimider et de maintenir leur domination sur le monde.

Ce désastre nous donne à réfléchir :
1. Oui, les catastrophes sont naturelles, mais la plupart de leurs conséquences humaines pourraient être évitées ou diminuées. Question de priorité dans les dépenses.
2. Une société où la science et la technologie sont si développées et ne servent pas, n'est-elle pas une société absurde ?
3. A quoi faut-il consacrer des milliards ? A faire la guerre ou à sauver des vies ?
4. Le savoir peut-il rester monopolisé dans les pays riches ? Les experts et les connaissances nécessaires existaient, mais au mauvais endroit. Car les cerveaux sont achetés comme de vulgaires marchandises et monopolisés.
5. Un autre monde est non seulement possible, mais indispensable. Celui qui remplacera la dictature du profit maximum des multinationales par la coopération et la solidarité entre les peuples.

Michel Collon

(*) Communiqué de l'International Action Center (USA), Sara Flounders et Dustin Langley, en version anglaise sur le site :
http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2004-12-30%2011:30:09&log=invites

 

>>>>>  Créé par l'homme ?

Un "papier" récent de Tom Bearden laisse à penser que le tsunami en Asie a été créé par l'homme lui-même. Dans son texte Bearden prévoit que les USA seront détruits dans les deux années à venir. àlire sur  www.cheniere.org

>>>>>> Les Etats-Unis selon Time
le New York Times estime jeudi que les Etats-Unis sont «pingres» dans leur aide promise aux sinistrés des raz-de-marée qui ont ravagé dimanche plusieurs pays d'Asie du Sud et du Sud-Est.
Dans un éditorial intitulé «Sommes nous pingres? Oui», le quotidien new-yorkais souligne que les 15 millions de dollars d'aide initialement annoncés par les Etats-Unis représentent«moins de la moitié de ce que le parti républicain va dépenser pour les festivités de l'investiture» du président George W. Bush pour son deuxième mandat, fin janvier.
«Même les 35 millions de dollars» au total, promis ensuite par M. Bush mercredi,
«ne représentent qu'une goutte d'eau de misère dans l'océan et correspondent au budget pitoyable que les Etats-Unis consacrent à l'aide non-militaire à l'étranger», s'indigne le journal.
«Selon un sondage, la plupart des Américains croient que les Etats-Unis dépensent 24% de leur budgetà l'aide aux pays pauvres, alors que le pays y consacre moins de un quart de 1%», affirme le quotidien qui met également en cause les aides annoncées et jamais versées.
«En 2002, M. Bush a annoncé (...) une aide de cinq milliards de dollars par an aux pays africains pour l'assistance au développement, mais n'a pas encore dépensé un seul dollar», ajoute le journal.

 

>>>>> Sur le coût des suites du Tsunami en Asie du Sud- Est.

Je viens de faire paraître un livre qui s'intitule: " En finir avec le sionisme". ( Voir les coordonnées en fin d'article). A cette occasion j'ai calculé, en me basant sur les chiffres proposés par le gouvernement Sharon pour dédommagter les colons israéliens qui occupent uine partie de Gaza, le chiffre qui serait nécéssaire pour dédommager les Palestiniens qui ont été déracinés en 1948 ( la "Nakbah") et après la guerre des six jours en juin 1967: je me suis fondé sur 160.000 familles à indemniser . ( C'est-à-dire sur 100.000 familles en 1948 et sur 60.000 familles en 1967: ce sont des chiffres approximatifs qui ont le mérite de refléter, sans doute avec beaucoup d'erreurs, la situation de l'époque, et qui devront bien sûr être repris dans les discussions qui surviendront un jour...). Si nous prenons la moyenne proposée par le gouvernement Sharon, c'est-à dire 300.000 dollars par famille, on arrive à la somme de 160.000 x 300.000 dollars = 48 milliards de dollars. Je considère que ce chiffre peut être pris en compte pour dédommager les réfugiés ( qui reviendraient sur leur territoire d'origine, ou qui accepteraient de vivre à l'extérieur de Palestine-Israël. ) J'explique dans mon livre que cette somme vue à l'échelle des souffrances et des privations du peuple palestinien n'est pas considérable, et qu'il conviendrait au gouvernement israélien, aux Etats-unis et à l'Europe ( les trois responsables à des degrés divers de la situation actuelle du peuple palestinien ) de se partager cette somme et de la règler, dans un délai de trois ans ( après bien entendu les études nécessaires).

Reprenons maintenant le bilan du Tsunami de l'Asie du Sud-Est : on finira par compter environ 180.000 morts, plusieurs millions de population dans le dénuement : combien de familles (restant) ? Si nous prenons les chiffres de la guerre de Palestine-Israël de 1948 et de 1967 nous arriverons sensiblement au même chiffre ( à 10, 20, ou 30 % près...) : c'est-à-dire qu'il faudrait plusieurs dizaines de milliards de dollars ( 30, 40, ou 50 milliards ...) Nous en sommes bien loin, et force est de constater la pingrerie des grandes puissances "occidentales" à cet égard. Lorsque le gouvernement américain fait voter au parlement 80 milliards de dollars supplémentaires pour la guerre d'Irak ( c(est-à -dire un crédit annuel de près de 500 milliards !) presque tout le monde trouve cela naturel ... Et quand, après des hésitations, Bush annonce ( cela s'appelle en effet un effet d' "annonce") qu'il consentira à aller jusqu'à 500 millions de dollars, en prenant des mesures "militaires" de lutte contre les effets du Tsunami ( envoi d'un porte-avion muni d'hélicoptères, et sans doute d'autres moyens militaires), on reste coi.

Chaque Etat agit à sa guise, on sollicite à grands coups de publicité médiatique les donateurs privés, et le total des sommes auxquelles on arrive ( et qui seront sans doute amputées de 20 ou 30 % pour les frais d'envoi - transport et frais de personnels-) est inférieur ou de l'ordre du milliard de dollars! C'est un scandale, c'est honteux, et cela ressemble vraiment à ce que l'on a connu aux bons vieux temps du colonialisme ! Sans parler des délais avec lesquelles cette " aide" est en train de s'organiser !

Une question se pose : et si l'occident n'avait pas personnellement connu ce désastre ( par les milliers de morts et les milliers de victimes européens), que ce serait-il produit en occident? Il est vrai également que le nombre d'animaux morts, emportés par le Tsunami est pratiquement nul : les animaux ont tous ressenti les ondes provoquées par le Tsunami et se sont enfui à l'intérieur des terres . Il est vrai qu'ils n'avaient rien à défendre au bord de la mer .... Jean Baumgarten

Mon livre " En finir avec le sionisme" vient de paraître: prix de vente 10 euros . Pour se le procurer : écrire à la librairie la Brèche 27 rue Taine Paris 12 ème et envoyer un chèque de 10 euros. ou bien envoyer votre commande à Jean Baumgarten B.P. 17 - Goult - 84 220 . Bonne année à toutes et à tous.

 

>>>>> Pour l'Asie : un prélèvement fiscal mondial exceptionnel ! (ATAC)

« Il faut soigner d'abord et comprendre ensuite », disait Albert Camus dans La Peste. Tel est en effet l'objectif à atteindre d'urgence face à la tragédie provoquée par la vague géante qui a causé des centaines de milliers de morts et de blessés en Asie, des millions de sans abri et des pays entiers dévastés.
Calés dans nos fauteuils, nous regardons en direct à la télévision, et pour ainsi dire comme si nous y étions, les images du drame. Par solidarité et compassion vraies, de nombreuses personnes ont envoyé ou enverront un chèque aux organisations humanitaires. Elles ont eu raison, et tout doit être fait pour amplifier l'effort. Mais est-ce suffisant ? Peut-on en rester là ? Que faire de plus ? Nous devrions sérieusement méditer sur les hypocrisies de l'époque. Et agir en conséquence.
Quelque chose en effet ne va pas dans l'attitude des médias et les commentaires faits par la plupart des responsables politiques : cette catastrophe hors de toute mesure n'est pas pensée. Réduite à une comptabilité et à des images macabres, elle est présentée comme une fatalité du destin justifiant toutes les impuissances présentes, passées et futures des autorités publiques nationales et internationales. Devant cette opération de lobotomie médiatique, quelques vérités sont bonnes à rappeler.
D'abord, acceptons d'admettre que les morts d'un jour valent les morts de tous les jours. Certes, la démesure du séisme, sa soudaineté, sa localisation géographique, la symbolique biblique du déluge qu'il portait au moment des fêtes ne pouvaient qu'entraîner le choc et l'émotion. Mais n'oublions pas ceci : chaque jour, selon la Food and Agricultural Organization (FAO), à cause de la faim et de la malnutrition, la mort fauche 25 000 vies, principalement des enfants. Rappeler cette réalité vise nullement à relativiser la tragédie que nous connaissons aujourd'hui en Asie. On ne peut pas subir, chaque jour, un choc émotionnel d'une même intensité pour des drames diffus, atomisés sur l'ensemble de la planète, résultant d'une lente agonie, difficiles à traduire en scoop d'images médiatiques. Peut-être ces affamés pourraient-ils consentir, pour leur propre bien, à un effort supplémentaire et se mettre d'accord pour disparaître le même jour ? Le total fait 9 millions, ce serait le record toutes catégories. Alors seraient sans doute réunis les 40 milliards de dollars nécessaires annuellement, selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), afin de réaliser et de maintenir l'accès universel à l'éducation de base, à l'eau potable et à des infrastructures sanitaires, ainsi, pour les femmes, qu'aux soins de gynécologie et d'obstétrique.
Reconnaissons, ensuite, que l'aide annoncée par les gouvernements et les instances internationales est ridiculement dérisoire. Le vendredi matin du 31 décembre, 500 millions de dollars avaient été réunis, alors que l'Organisation des nations unies (ONU) estime les besoins à plusieurs milliards. Les Etats-Unis ont annoncé 15 millions de dollars d'aides, puis, devant les protestations que suscitait cette contribution grotesque, 20 millions supplémentaires ont été ajoutés (25 millions d'euros au total). Par comparaison, Monsieur Bush vient de demander au Congrès américain une rallonge budgétaire de 80 milliards de dollars pour financer la guerre en Irak, qui en coûte 150 millions par jour. Par comparaison encore, les 400 plus gros contribuables des Etats-Unis d'Amérique ont eu un revenu brut, avant impôts, de 70 milliards de dollars en 2000, dont 50 milliards provenant de revenus en capital : dividendes, intérêts, plus-values. Ce chiffre ne reflète pourtant pas le véritable revenu de ces personnes : ni leur revenu brut, ni leur revenu imposable. Leur revenu brut est inférieur à la réalité car il ne comptabilise pas les milliards de dollars qui sont allés dans les paradis fiscaux. Leur revenu imposable est également inférieur à ce qu'il devrait être, car de nombreux revenus bénéficient d'exonérations fiscales : les intérêts sur les obligations d'Etat, les primes d'assurance-vie, les cotisations aux fonds de pension... Mais il y a plus. Ces très riches contribuables n'en ont jamais assez. Alors que leur taux d'imposition était de 29,93 % en 1995, ils sont parvenus à le faire baisser, avec l'aide d'un gouvernement complaisant, à 22,29 % en 2000.
La France, avec 40 millions d'euros d'aides versées, n'est pas en mauvaise position. Nous ne pouvons que nous réjouir de constater qu'ainsi notre pays va dépasser la somme engloutie pour le sacre de Monsieur Sarkozy à la tête de l'UMP (12 millions). Cependant, et sans vouloir faire injure aux amateurs de football, on remarquera que l'achat de l'exclusivité des droits de rediffusion du football français par Canal + a coûté 600 millions d'euros à cette chaîne.
En outre, l'instrumentalisation politique de la tragédie est désormais lancée. La concurrence, ce principe fondateur de l'idéologie néolibérale, s'est même étendue à l'aide humanitaire. Nous assistons à une sorte d'enchères, chaque pays voulant, dans des limites évidemment « raisonnables », ne pas donner le moins, et chaque jour annonce une nouvelle offre. Certes, ces aides, dont on ne doute pas qu'elles viennent du fond du coeur, vont probablement grossir, et c'est tant mieux. Mais, sauf mobilisation populaire, elles resteront très loin des besoins. L'initiative de Monsieur Bush de constituer une « coalition internationale d'aide humanitaire » avec l'Inde, le Japon et l'Australie, dotée de sommes et de moyens dérisoires, n'a pour but que de contourner et d'humilier l'ONU, c'est-à-dire la seule source de droit international. La coopération internationale, pour coordonner efficacement les efforts n'a, à aucun moment, été le premier réflexe des élites mondialisées.
Et l'Europe ? Où est l'Europe ? Un obscur factotum a annoncé, dans un premier temps, une aide de 3 millions d'euros. Se rendant compte que la somme était significativement médiocre - cette seule prise de conscience montre qu'il ne faut pas désespérer de l'Europe -, 30 millions d'euros ont été accordés en plus. Rien n'est plus symbolique que cette attitude incroyable de l'Union européenne. Il est vrai qu'un des articles du traité constitutionnel stipule que « le budget de l'Union est, sans préjudice des autres recettes, intégralement financé par des ressources propres ». Cela signifie que l'Union européenne, contrairement aux particuliers, aux entreprises et aux Etats, ne peut emprunter. Or l'emprunt permet l'investissement dans les grands travaux d'infrastructures publiques, que ce soit en Europe ou au titre de la solidarité internationale. Cette castration politique de l'Europe, dont nous avons aujourd'hui un exemple emblématique, ne pourra que renforcer notre détermination!
 à assurer le succès du « non » lors du référendum sur le traité constitutionnel.
Et le marché ? Où est le marché ? Car cette interdiction faite à l'Europe d'emprunter pour investir dans les équipements publics, a été décidée au nom du marché. On nous explique en effet, ad nauseum, que le libre jeux des marchés, sans entrave, et particulièrement dans le domaine de la finance, permettrait une « allocation optimale des ressources ». Si c'était vrai, nous aurions dû voir affluer en Asie, immédiatement et spontanément, des masses de capitaux - une sorte de tsunami financier - pour aider au redressement de la région. Hélas ! Hélas ! Les morts, les blessés et les sans abri ne sont pas solvables, et aucun capital ne pourra fructifier dans ces conditions. Dans les grands moments, ceux qui façonnent la collectivité humaine, le marché est toujours défaillant. C'est bien la volonté politique qui compte, et c'est elle que la mobilisation populaire doit restaurer.
D'autant que pendant le drame, les affaires continuent. Aucune morale, aucune retenue, aucune décence n'est de mise, c'est business as usual. Certes, les tsunamis ont tué des dizaines de milliers de personnes, dévasté des pays entiers, mais les Bourses d'Indonésie et d'Inde battent des records, portées par un climat économique jugé favorable. Selon Eddie Wong, analyste en chef pour l'Asie chez la banque ABM Amro : « Les dommages subis par les bons hôtels ne semblent pas graves et il y a aussi des gagnants en termes économiques, tels que les producteurs de ciment ». On pourrait ajouter aussi les cercueils ! Alors voici une idée d'action immédiate : fermez d'urgence vos comptes bancaires chez ABM Amro, si vous en avez, et transférez-les à la Poste, tant qu'elle existe encore !
Devant cette nouvelle faillite des élites mondialisées, la mobilisation des citoyens et des peuples pourrait s'organiser autour de cinq objectifs : un prélèvement fiscal mondial exceptionnel préfigurant une véritable fiscalité mondiale ; l'augmentation de l'aide publique au développement ; l'annulation de la dette publique des pays pauvres concernés par la catastrophe ; la coordination internationale des services publics pour reconstruire les pays dévastés ; la mise en place dans la région de systèmes d'alerte des catastrophes.
Un prélèvement fiscal mondial exceptionnel. Il est largement temps d'imaginer une fiscalité internationale pour réduire la fracture qui va croissant entre le Sud et le Nord. L'exigence d'une fiscalité globale, au plan mondial, s'impose pour répondre, notamment, à des catastrophes comme celle de l'Asie. Les possibilités techniques sont nombreuses :
-  Taxe sur les transactions financières dont le modèle est la taxe Tobin qui vise les transactions sur les monnaies (elle peut néanmoins être étendue à l'ensemble des transactions financières). L'actuelle administration américaine rend difficile une avancée dans ce domaine. C'est de l'Union européenne que l'initiative devrait venir. Elle a, en effet, la puissance économique et financière pour mettre en ¦uvre, de manière unilatérale, de telles taxes. A un taux de 0,1 %, cette taxe rapporterait 110 milliards de dollars.
-  Taxe unitaire sur les bénéfices : quel que soit le pays ou la région du monde où s'installe une entreprise transnationale, elle sera soumise au même taux d'imposition sur ses bénéfices. Cela limitera très fortement l'évasion et la fraude fiscales.
-  Taxe sur les investissements directs étrangers (IDE) qui viserait à s'opposer à l'évasion fiscale en freinant le choix de pays à faible fiscalité, et à l'érosion des droits des salariés dans les pays d'accueil. Un taux de 15 % sur une assiette de 800 milliards rapporterait 120 milliards de dollars.
-  Impôt sur la fortune. On peut taxer le stock, sur le modèle français, ou son revenu, sur le modèle américain (les 1 % les plus riches ont autant que les 57 % les plus pauvres). Un taux forfaitaire de 1 % appliqué à 5 000 milliards de dollars donnerait 50 milliards.
-  Taxe sur les émissions de carbone qui devra fortement inciter les producteurs à réduire leurs émissions. Un prélèvement de 21 dollars par tonne de contenu en carbone rapporterait 125 milliards de dollars.
Il est évident que la mise en place de telles taxes demandera des années. Sans attendre, pour faire face à l'urgence, un prélèvement exceptionnel pourrait être décidé par la communauté internationale ou, par défaut, par l'Union européenne. Il pourrait correspondre, pour donner un exemple concret, à 0,05 % de la capitalisation boursière mondiale (nombre d'actions cotées en Bourse à l'échelle mondiale, multiplié par la valeur de ces actions) qui s'élevait, fin 2002, à 20 000 milliards d'euros. Un tel prélèvement exceptionnel rapporterait 10 milliards d'euros. Personne ne pourra croire qu'il mettra les actionnaires à genou et qu'il suscitera la panique sur les marchés financiers. Prenons l'exemple d'un actionnaire de Renault. Le 31 décembre 2004, l'action cotait 61,55 euros. Avec le prélèvement de 0,05 %, ledit actionnaire versera 3 centimes d'euros ! Ainsi les marchés financiers seront-ils punis (modestement) par là où ils ont péché. Ils sont en effet responsables de la crise !
financière qui s'est abattue sur l'Asie en juillet 1997. En quelques mois le chômage était multiplié par 4 en Corée, par 3 en Thaïlande, par 10 en Indonésie. Au total, 12 millions de chômeurs supplémentaires étaient comptabilisés dans la région. La cause de cette crise ? Une libéralisation « au pied de biche » des marchés financiers dans ces pays, sous l'impulsion du Fonds monétaire international (FMI), qui a attiré des masses de capitaux spéculatifs. Comme d'habitude, le FMI et le Trésor américain croyaient que cette libéralisation aiderait ces pays à se développer plus vite. Mais les pays asiatiques n'avaient aucun besoin de capitaux supplémentaires de cette nature, leur taux d'épargne était très élevé. Ce ne serait donc que justice de faire payer ceux qui ont déjà, en toute impunité pour l'instant, appauvris cette région.
L'augmentation de l'aide publique au développement. Selon l'OCDE, elle était en 2003, pour les USA, de 0,1 % du Produit national brut (PNB), soit 16 milliards de dollars ; pour le Japon de 0,2 % ; pour la France de 0,4 % ; contre 0,7 % auxquels ces pays s'étaient engagés dans la déclaration du millénaire. Il est urgent d'atteindre les objectifs fixés qui permettraient de collecter 49 milliards de dollars.
L'annulation de la dette publique des pays pauvres concernés par la catastrophe. Le Canada a décidé un moratoire unilatéral de la dette publique de certains pays à son égard. L'Allemagne, de son côté, a proposé un moratoire de la dette de l'Indonésie et de la Somalie auprès du Club de Paris (groupe des pays créanciers). Actuellement, pour ne prendre que quelques exemples, la dette de l'Indonésie est de 131 milliards de dollars, de 58 milliards pour la Thaïlande et de 11 milliards pour le Bangladesh. La perspective doit être clairement d'aller vers l'annulation de la dette publique des pays les plus pauvres de la région, même si, dans un premier temps, des moratoires et des réductions des créances sont toujours bons à prendre. Nous aurons tous les yeux tournés vers le Club de Paris qui doit se réunir le 12 janvier.
Coordination internationale des services publics pour reconstruire les pays dévastés. L'esprit de service public est capable de soulever des montagnes. Si, dans chaque pays, les services des Postes, de l'électricité et du gaz, des chemins de fer, des télécommunications, de l'eau, de l'éducation, de la santé, etc., se concertaient à l'échelle internationale (les organisations syndicales peuvent puissamment y contribuer), l'aide d'urgence et la reconstruction des pays dévastés serait assurée. Des moyens et des agents seraient détachés sur place. Les anciens services publics, qui ont été privatisés, verraient leurs moyens réquisitionnés par la puissance publique. C'est bien ce que font les gouvernements lorsqu'il y a la guerre...
Mise en place dans la région de systèmes d'alerte des catastrophes. Il se dit que la base militaire des Etats-Unis à Diego Garcia, située pourtant au sud du Sri Lanka, n'aurait pas été affectée par le tsunami. Elle aurait été prévenue par la National Oceanic & Atmospheric Administration. Celle-ci, pas plus que les militaires, n'aurait pensé à prévenir les gouvernements asiatiques concernés... La preuve serait ainsi administrée qu'un système d'observation et d'alerte aurait permis d'éviter le drame.
Le 6 janvier, l'ONU a convoqué une réunion internationale des pays donateurs. Le monde attend qu'y soient prises des décisions d'ampleur, à la mesure de la situation. Les 110 Chefs d'Etat qui ont soutenu récemment l'idée de taxes globales ont l'opportunité, au-delà de la simple déclaration d'intention - qu'il fallait faire néanmoins - de passer aux actes. Les Chefs d'Etat des 25 pays de l'Union européenne, devraient ensuite se réunir pour organiser, enfin, l'aide de l'Europe.
Oui ou non l'hypocrisie des bons sentiments va-t-elle cesser, et laisser la place aux vraies mesures susceptibles de répondre aux vrais problèmes ?

Le 2 janvier 2005

Par Jacques Nikonoff, président d'Attac France
Une version courte est parue dans Libération, le 4 janvier 2005.
http://www.liberation.fr/page.php ?Article=265637

>>>>> Via Campesina lance une initiative internationale

Via Campesina lance une initiative internationale pour recueillir des fonds afin de venir en aide aux communautés frappées par la catastrophe du raz-de-marée en Asie. Via Campesina (réseau international de mouvements paysans, de familles paysannes, d'ouvriers agricoles, de peuples indigènes, et d'organisation de paysans sans terre ainsi que d'autres mouvements ruraux), lance un appel à la solidarité avec les millions de personnes affectées par le désastre du tsunami en Asie du Sud-Est. Via Campesina lance une campagne internationale de collecte de fonds en solidarité avec les communautés locales de pêcheurs et de paysans pour leur permettre de mettre en place leurs propres actions de secours et de reconstruction en s'appuyant sur les organisations locales.

Nous faisons appel à vos dons pour permettre dans un premier temps de répondre à l'urgence en fournissant une aide alimentaire, de l'eau potable, des abris et des médicaments aux familles de paysans et de pêcheurs frappées par le raz-de-marée et, dans un deuxième temps, leur offrir les moyens de reconstruire leur communautés et leurs moyens de subsistance.

Pour Via Campesina, les secours qui doivent être mis en place doivent impliquer activement les communautés paysannes et les communautés de pêcheurs. Les organisations locales doivent jouer un rôle de premier plan dans la mobilisation et la définition des actions à entreprendre. Via Campesina veut donner à ces communautés et à leurs organisations le support politique dont elles ont besoin pour obtenir les fonds nécessaires à cet effort de reconstruction. Les sommes que nous recueillerons dans le cadre de cette campagne seront destinées essentiellement à renforcer les communautés locales afin de leur permettre de jouer ce rôle clé.

Le succès des actions de secours entreprises par la société civile lors de catastrophes précédentes en Amérique latine, en Asie et en Afrique, contraste avec l'inefficacité des secours mis en place par les gouvernements. Ces actions concrètes ont souvent renforcé les organisations locales de la société civile en permettant à groupes jusque là marginaliser de prendre le contrôle de leur propre vie.

Travaillons tous ensemble pour aider ceux frappés aujourd'hui, et faisons le d'une manière qui renforce les communautés paysannes et des communautés de pêcheurs.

Aux morts sans nombre, viennent s'ajouter les millions de personnes déplacées, et les centaines de milliers de personnes qui ont perdu leur maison, leur matériel de pêche, leurs outils agricoles.
Les pêcheurs n'ont plus de barques ni de filets; les paysans ont perdu leurs bêtes et leurs terres sont contaminées, leurs récoltes ont été détruites. Vos dons leur permettront de se relever peu à peu.

Exemples d'action qui sont déjà en cours : En Indonésie, la fédération nationale indonésienne des organisations paysannes (FNIOP), membre de Via campesina, avec d'autres organisations non-gouvernementales de la société civile, a mis sur pied une équipe de secours qui travaille actuellement dans la région de Aceh où l'on dénombre plus de 25 000 morts et des dizaines de milliers de blessés et de sans-abri, ainsi que dans le nord de Sumatra (cinq mille morts) ou d'une distribution de vivres ont commencé. L'équipe mise en place par la FNIOP participe au secours et à la recherche de personnes disparues. Au Sri Lanka, pays le plus fortement touché par le tsunami, l'organisation nationale des pêcheurs (National Organization of Fisherfolk (NAFSO) a envoyé cinq équipes de secours dans les zones les plus durement frappées pour venir seconder les populations locales dans leurs efforts de reconstruction.

 

 

>>>>> Urgence de sens

 

Nous sommes le 31 Décembre au matin, il est 7 heures.  Je suis revenu au bureau après des visites de terrain avec les animateurs de INDP et de la BRWD.

Nous prenons un moment pour recouper les informations des officiels, des journaux avec les donnés du terrain avant de repartir à nouveau. J’en profite pour ma part pour vous répondre et pour envoyer des extraits de presse en anglais .  Au cours de la réalisation du « rapport citoyen » dans le cadre de la célébration des 50 ans de l’indépendance de l’Inde nous avions interviewé  M. Balambikkai étudiante âgée de 19 ans  qui nous avait dit entre autre « nous vivons sur la côte nous ne savons pas quand la mer nous submergera !!  ».

 

Ce sont ces mots qui nous sont revenus en mémoire quand l’océan pacifique s’est déchaîné le 26 décembre 2004 au matin. La furie a duré quelques minutes qui ont suffit pour avaler des centaines de personnes et pour mettre à la rue des milliers d’autres.

 

Chacun des survivants à sa manière a pu expérimenter sa petitesse et la fragilité du souffle de vie qui l’ anime.

« La nature reprend ses droits » ont dit certains en prenant conscience de la prétention à vouloir tout dominer et tout contrôler et de l’arrogance qui peuvent monter à la tête des êtres humains.

 

La solidarité s’est exprimé de suite sans attendre les consignes officiels et  les gens ont collecté vêtements,  préparé des repas et se sont porté volontaire pour les recherches et les évacuations.

Nous avons été agréablement surpris de voir que ce sont toujours les plus pauvres qui ont fait le plus et dans la dignité en offrant des  habits neufs !  

 

Le système de castes continue de hanter cette fois ci les camps de réhabilitation, même lors des tragédies

En effet nous avons été surpris de trouver les pêcheurs divisés en pêcheurs dalit et pêcheurs non dalits avant d’être abrités dans les écoles, les salles de mariage ou des anciens fermes d’élevage avec ou sans   eau potable, toilettes et  espaces libres  suivant donc le statut social !

. Certains se trouvent nourris trois fois par jour,d’autres qui mangent une fois par jour et qui manque  d’eau potable.

 

Un de nos correspondants européens au téléphone nous disait que l’inde avait refusé toute aide extérieure. On ne peut qu’être fier en l’entendant quand on sait que le problème n’est pas un problème de finances  mais de distribution et de partage équitable en temps d’urgence comme en temps normal.

 

Il y a toujours les politiciens, les sectes et les Ongs qui profitent de pareilles situations pour se placer. Il y a une logique à définir pour parer à l’urgence et en même temps préparer la suite ; même les victimes le réclament  haut et fort. 

 

Nous essayons avec nos moyens limités et dans ce gros remue ménage de ne pas perdre nos repères pour nous mêmes et les populations. Nos intervenons sur le plan psychologique dans le cadre des aides médicales; aspect un peu négligé mais qui fait de gros dégâts et sur le plan d’aide légale pour permettre de construire l’avenir et d’utiliser l’aide offerte.

 

L’année 2004 a volé la vie de beaucoup d’enfants en inde . Nous sommes à l’heure que je vous écris en état alerte. 2005 doit nous réserver sans doute bien des défis pour nous les indiens mais aussi pour d’autres populations de par le monde. Des défis qu’il faudra relever  avec courage, fermeté et dignité ;  en restant  orienté dans la mesure de nos moyens et de nos possibilités  vers les quelques principes éthiques de base. Pour que engloutit   ou pas par une vague nous puissions dire « Ma vie a eu un sens    ».

Que 2005 puisse nous rapprocher un peu plus dans la recherche de la justice et  du  bonheur pour tous .

 

Augustin Brutus

 

 

Controverses: Vos dons serviront à rembourser leur dette, sauf si…

Depuis le séisme du 26 décembre au large de l'Indonésie, beaucoup de chiffres ont fait les grands titres de l'actualité, irrémédiablement à la hausse : nombre de victimes, coût des dégâts constatés, aide internationale… Les rencontres entre grandes puissances se succèdent : conférence de Jakarta, réunion du G8, session du Club de Paris… Prenons le temps de commenter quelques faits et chiffres méconnus qu'il faut placer au cœur du débat. Onze pays ont été touchés : Indonésie, Sri Lanka, Inde, Thaïlande, Somalie, Maldives, Malaisie, Birmanie, Tanzanie, Bangladesh et Kenya.

Cet ensemble est très hétérogène, puisqu'il regroupe des pays asiatiques et des pays africains, des pays économiquement émergents et des pays très pauvres, des pays remboursant des sommes colossales et d'autres en état de cessation de paiement. Pour autant, la nature n'a pas choisi et il serait particulièrement indécent de distinguer parmi ces pays pour accorder aux uns ce que l'on refuserait aux autres. À la fin 2003, la dette extérieure de ces onze pays s'élevait à 406 milliards de dollars [1]. Leurs performances économiques étant fort diverses, leurs créanciers le sont aussi [2].

Les pays prometteurs, comme l'Inde ou la Thaïlande, ont une dette essentiellement d'origine privée, contractée notamment sur les marchés financiers ou auprès de grandes banques. Les pays pauvres, comme le Sri Lanka ou le Bangladesh, ont une dette essentiellement multilatérale, détenue par la Banque mondiale, des banques régionales de développement ou le FMI. Des pays plus isolés au niveau international, comme la Somalie, ont une dette principalement bilatérale, contractée envers des pays riches. Tous les grands créanciers sont concernés par la recherche d'une solution prenant en compte l'intérêt des peuples touchés.

En 2003, ces onze pays ont remboursé 68 milliards de dollars à leurs créanciers étrangers, contre 60 milliards l'année précédente. Cette année-là, leurs pouvoirs publics ont remboursé 38 milliards de dollars [3] à eux seuls. La ponction est énorme : entre 1980 et 2003, les remboursements ont représenté onze fois leur dette de 1980, alors que dans le même temps, cette dette a été multipliée par cinq [4]. L'aide internationale promise est estimée à 6 milliards de dollars, dont 4 par des institutions officielles. Loin de vouloir dissuader cet élan de générosité, qui soulage la bonne conscience du donateur bien avant les souffrances des victimes, il est urgent de noter que ces onze pays remboursent chaque année six fois plus.

Derrière la générosité médiatisée à outrance, même quand elle est sincère, demeure donc un mécanisme très subtil qui aspire les richesses des populations du Sud vers leurs riches créanciers. Puisse la tragédie de décembre servir à mettre en lumière cette autre tragédie, dépassant largement le cadre de ces onze pays sinistrés : la dette. A cause d'elle, et avec la complicité des classes dirigeantes locales qui ont un intérêt personnel dans l'endettement de leurs pays, des Etats n'assurent pas à leurs peuples la satisfaction des besoins fondamentaux, la misère et la corruption se répandent, la souveraineté politique et économique de dizaines de pays devient une expression vide de sens, les ressources naturelles sont pillées ou bradées à de puissantes multinationales, les cultures d'exportations sont imposées au détriment des cultures vivrières. Il s'agit d'un centre nerveux particulièrement vigoureux d'un modèle économique prédateur et oppressif.

Quel créancier oserait déclarer publiquement qu'il va continuer à attendre des remboursements de pays sinistrés à ce point ? Cependant, aucun n'y a définitivement renoncé. La réunion du Club de Paris, fort tardive du reste (17 jours après le séisme) et regroupant 19 pays riches, ne doit pas faire illusion : les créanciers sont prêts à suspendre les paiements, sans annulation significative de dette, pour mieux imposer une conditionnalité stricte qui sera assurée par le FMI. Pourtant, ce même FMI s'est déjà distingué lors de la crise de 1997-1998 par des remèdes pires que le mal. En son âme et conscience, tout créancier peut décider de renoncer à ses créances. Là, tout de suite. Cela s'est déjà produit dans les dernières années pour des raisons géostratégiques [5].

Des centaines de mouvements sociaux présents dans cette région, notamment les réseaux CADTM et Jubilé Sud, ont appelé à l'annulation, montrant la solidarité objective qui existe entre tous ceux qui subissent la tyrannie de la dette. Un moratoire ou une simple réduction ne peuvent être tolérés. Seule l'annulation totale et inconditionnelle de la dette extérieure publique des pays touchés, avec contrôle des sommes libérées par les population locales, est une réponse à la mesure du désastre provoqué par les tsunamis. Sinon, vos dons serviront juste, tôt ou tard, aux pays dévastés à rembourser une dette devenue immorale.

11 janvier 2005 Damien Millet et Éric Toussaint

Damien Millet est président du CADTM France, Éric Toussaint est président du CADTM Belgique (Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde). Ils sont auteurs du livre 50 questions 50 réponses sur la dette, le FMI et la Banque mondiale, éd. Syllepse/CADTM, 2003.

[1] Calculs des auteurs sur la base des chiffres de la Banque mondiale. [2] Ils sont privés à 47 %, bilatéraux à 27 % et multilatéraux à 26 %. [3] Dont 16 pour les institutions multilatérales (7 pour la Banque mondiale et 4 pour le FMI) ; 9 pour les pays riches ; 13 pour les investisseurs privés. [4] Calculs des auteurs sur la base des chiffres de la Banque mondiale. [5] Égypte et Pologne en 1991, Russie en 1998, Yougoslavie et Pakistan en 2001.

Page d'origine : www.reseauvoltaire.net/article15916.html

 

« Un tsunami provoqué par l'homme » par Terry Jones, Scénariste, acteur et réalisateur, Terry Jones est membre des Monty Python. (source : The Guardian, référence : « A man-made tsunami », par Terry Jones, The Guardian, 11 janvier 2005.)

Je suis déconcerté par les réactions mondiales à la tragédie du tsunami. Pourquoi les journaux, la télévision et les politiciens en font-ils autant ? Pourquoi les Britanniques ont-ils donné plus de 100 millions de livres sterling aux survivants et pourquoi Tony Blair a-t-il promis des centaines de millions ? Pourquoi l'Australie promet-elle 435 millions de livres, l'Allemagne 360 millions et George W. Bush 187 millions. Bien sûr, c'est merveilleux de voir la race humaine se rassembler pour aider les victimes du désastre, mais pourquoi aider ces victimes là et pas celles d'Irak ?

D'après la seule estimation scientifique dont on dispose, la guerre aurait fait près de 100 000 morts chez les civils irakiens tandis que le tsunami en a fait (à ce jour) 150 000. Pourtant, concernant l'Irak, les médias semblent refuser de montrer les images de ces victimes. Pas de reporters à Fallouja pour expliquer qu'en 30 ans de métier, il n'a jamais rien vu de tel. Le Pape n'a pas appelé les croyants à se souvenir des Irakiens dans leurs prières et MTV n'a pas fait de minute de silence pour eux. Au contraire, George W. Bush et Tony Blair cherchent à minimiser le nombre de morts (malgré le sérieux méthodologique de l'étude publiée) tout en interdisant tout décompte.

Les morts causés par les bombes et les coup de feu méritent-ils moins de pitié que ceux causés par une vague géante ? Une vie irakienne veut-elle moins qu'une vie indonésienne, thaï, indienne ou suédoise ? pourquoi les télévisions et les journaux ne cherchent-ils pas à lever des fonds pour les victimes irakiennes ? Pourquoi ne pleurent-ils pas sur ce tsunami que nous avons provoqué au Proche-Orient ? C'est déroutant.

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