Le sénateur Edward Kennedy, qui fut le premier parlementaire états-unien
à s'opposer à l'usage de la bombe atomique en Irak, revient sur cette polémique dans Clarin. Il note qu'en envisageant d'utiliser deux nouveaux types de
bombes atomiques, les « mini-nukes » et les « bunker-buster », et
en assignant 21 millions de dollars pour leur développement, Donald Rumsfeld a remis en
cause la doctrine de la dissuasion nucléaire. Dès lors, il y a une incohérence à
dénoncer les programmes d'armement nucléaire nord-coréen et iranien.
« Les armes nucléaires de Bush »
Las armas
nucleares de Bush (interview de Edward
Kennedy , sénateur des États-Unis, dans Clarin Argentine) .
L'administration Bush et la communauté internationale disent tout faire contre la
prolifération d'armes nucléaires. Pourtant, 21 millions de dollars sont assignés, aux
États-Unis, pour le développement de nouveaux types d'armes nucléaires : les
« mini-nukes » et les « bunker-buster ».
Cette nouvelle direction dangereuse en matière de politique nucléaire a des
implications négatives dans la guerre contre le terrorisme, mais aussi dans le délicat
équilibre de protections internationales. Comment pouvons-nous demander à l'Iran et à
la Corée du Nord d'abandonner leurs programmes nucléaires tout en en commençant un pour
notre compte ?
Les « mini-nukes » n'ont rien de petit : une seule de ces armes pourrait
dévaster une ville américaine entière. L'Administartion Bush lance ce programme
nucléaire pour se servir de ces armes, et cela suscite peu d'intérêts dans les débats
alors que toute l'architecture de contrôle des armes nucléaires mise en place avec
beaucoup de difficultés depuis 50 ans s'en retrouve menacée....
Parallèlement, Stanley Karnow relève dans le Los Angeles Times,
les similitudes entre la guerre du Vietnam et celle d'Irak : toutes deux étaient
inutiles et toutes deux ont été justifiées par une avalanche de mensonges que les
parlementaires n'ont pas osé désavouer pour ne pas « laisser tomber nos gars qui
se battent là-bas ». De son côté Joseph Wakin dénonce da ns The
Age l'absurdité du discours manichéen de George W. Bush qui divise le monde en deux
camps et les oppose. Or, il n'y a pas de clivage entre les civilisations, mais entre ceux
qui utilisent la violence et ceux qui en sont victimes. Dans la même veine, Ramesh Thakur
souligne dans l'International Herald Tribune que l'administration Bush
ne détruit pas le droit international par nécessité, mais par volonté ; que les
attentats du 11 septembre ne sont pas une raison de la guerre, mais une excuse pour la
faire.
« L'ombre des mensonges du Vietnam en Irak »
Vietnam's
Shadow Lies Across Iraq ( par Stanley Karnow in Los Angeles Times États-Unis) . Stanley Karnow,
journaliste, a couvert la guerre du Vietnam de 1959 à 1975. Il est l'auteur de
« Vietnam : A history » et a gagné le prix Pulitzer-Histoire.
« Nous avons stoppé le syndrome du
Vietnam » déclarait le président George H. W. Bush après sa victoire dans la
guerre du Golfe en 1991. Cela suggérait que le public américain avait su se défaire de
la mémoire humiliante de cette guerre, ce qui permettait d'entreprendre des actions
outre-mer sans anxiété, ni culpabilité.
Mais c'était une erreur. Le spectre de la défaite subsiste et l'Irak peut dégénérer
en une débâcle aussi calamiteuse qu'au Vietnam.
Ces deux conflits sont fort différents, mais sont analogues sur certains points. La
« théorie des dominos » des présidents Truman, Eisenhower, Kennedy et
Johnson, qui faisait du Vietnam le point névralgique de la lutte anti-communisme,
rappelle la croisade de Bush en Irak contre le terrorisme international. Aucune preuve n'a
ét é avancée pour légitimer l'importance de ces deux pays pour la sécurité des
États-Unis. Le déploiement de forces sophistiquées, dans les deux cas, n'a pas suffit
à vaincre les résistances par la guérilla.
Il était difficile de distinguer nos alliés de nos ennemis au sein de la population
locale. Mais la similarité la plus criante reste la distorsion de la vérité, voire le
mensonge simple, des bureaucrates militaires ou civils en direction des journalistes. Tout
est fait pour faire croire à un progrès. Et les membres du Congrès, pour « ne pas
laisser tomber nos gars », ont toujours voté les fonds demandés.
De la même manière que le secrétaire à la Défense Robert S.
McNamara avait confessé, en 1995, ses erreurs pendant le Vietnam, il est nécessaire
qu'un mea culpa similaire ait lieu de la part de l'administration
Bush, peut-être même de Donald Rumsfeld.
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